LES SOURCES DE SAINT-NECTAIRE
- Par Nature Source Chaude
- Publié le
- Mis à jour le 11 janvier 2025
Saint-Nectaire est placée sur le chemin d’une grande faille terrestre, qu’emprunte aussi la petite rivière du Fredet, plus connue localement sous le nom de Courançon et qui permet la remontée des sources minérales depuis les profondeurs.
Ainsi s’explique la surprenante richesse minérale de cette petite commune du Puy-de-Dôme qui s’étale du nord au sud, sur 2 kilomètres environ, dans une petite vallée resserrée. Pas moins d’une quarantaine de sources sourdent, près des bords du Courançon, et parfois dans son lit, sans compter les innombrables filets d’eau qui s’épanchent ça et là dans la commune.
Par conséquent, ce village, un peu assoupi aujourd’hui, a connu la fièvre thermale (1800-1914) et une concurrence féroce entre établissements thermaux et sociétés qui se sont empressés, après la réalisation de travaux de captage, d’exploiter la plupart des sources. La concurrence était aussi vive entre stations thermales françaises dont certaines d’entre elles comptaient un nombre élevé d’établissements thermaux : 9 à Bagnères-de-Bigorre et à Cauterets, 7 à Vichy, 6 à Plombières, 3 à Saint-Nectaire…
Après avoir traversé le bourg du nord au sud, je vous propose de découvrir ce que j’ai pu voir (sources, thermes fermés ou abandonnés…). La liste est non exhaustive.
AU SOMMAIRE :
Carte des sources chaudes et des eaux minérales à Saint-Nectaire
Sur la carte vous trouverez des sources minérales chaudes ou tempérées. L’emplacement exacte des sources chaudes (les sources principales) n’étant pas connue, elles sont donc indiquées par les bâtiments (anciens thermes) et les grottes qui les abritent.
La carte apporte également quelques informations complémentaires (captage, débit et température), tirées d’un rapport établi par le BRGM (Service géologique national) en 2003, sur les sources.
Particularité des eaux de Saint-Nectaire
Les eaux minérales de Saint-Nectaire ont toutes des compositions différentes et un degré de minéralisation élevé (jusqu’à 9 grammes par litre) et à des degrés différents de température (allant de 8°C à 53°C en excluant les sources issue d’un forage, plus chaudes encore). Certaines sources ont des minéralisations totales considérées comme les plus élevées des sources d’Auvergne. À l’époque du thermalisme, toutes les eaux de toutes les sources de Saint-Nectaire pouvaient être bues et certaines d’entre elles étaient utilisées en bains et en douches.
Aussi, les eaux minérales de Saint-Nectaire étaient particulièrement mises en avant pour leurs richesses en sels alcalins, notamment en ions bicarbonates, considérées comme les plus élevées de la région. D’ailleurs, c’est ce qu’ont démontré M. Boullay et M.Berthier, 2 grands chimistes qui les ont analysées en 1820.
M. Boullay déclare à la page 277 du Journal de Pharmacie : « Elle me paraît être, l’eau alcaline la plus forte de France, et elle doit être beaucoup plus active et efficace, sous ce rapport que les eaux du Mont-Dore et de Vichy, par exemple, desquelles elles se rapprochent le plus par la nature de la composition. »
M. Raige Delorme, médecin (du début du XIXe s.) et connu en France pour son travail dans les dictionnaires médicaux déclarait dans le Dictionnaire qu’on appelait aussi Répertoire générale des sciences médicales : « Analogues à celles de Carlsbad, du Mont-Dore et de Vichy, les eaux de Saint-Nectaire sont employées dans les mêmes cas morbides. L’abondance du principe alcalin, qui ne se trouve pas à un si haut degré dans ces dernières, rend même les eaux de Saint-Nectaire supérieures pour les maladies où ce principe est la substance la plus efficace. »
MM. Patissier et M. Bourtrand Charlard (pharmacien et chimiste au XIXe s.) affirmaient : « La quantité considérable de bicarbonate de soude que contiennent les eaux de Saint-Nectaire, leur donnent de l’analogie avec les eaux de Vichy; comme ces dernières elles rendent les urines alcalines et ont une action particulière dans la gravelle, les catarrhes vésicaux, les affections chroniques des voies digestives, du foie, de la rate, etc.. »
Toujours au XIXe siècle, la réputation des eaux de Saint-Nectaire s’est vite répandue dans les départements voisins notamment pour le traitement des rhumatismes chroniques articulaires, musculaires ou goutteux où l’on obtenait, selon la durée du séjour, une guérison (rémission) de toutes ces manifestations. De par leur degré de minéralisation, elles traitaient souvent avec succès les maladies des os et des articulations.
La source Pradinat
En prenant la direction des grottes de Châteauneuf, on y trouve, près d’un ruisseau, une flaque d’eau légèrement rougie. Ces eaux minérales ferrugineuses proviennent d’un captage en pierre, bien visible. Puis, ces eaux rejoignent le ruisseau, un affluent du Courançon.
La source offre des eaux froides (environ 14°C), avec un débit (relevée en 1924) de 1,7 litre à la minute.
Les Bains du Mont-Cornadore (anciens thermes)
La colline du Mont-Cornadore, où campe fièrement la ville haute (Saint-Nectaire-le-Haut) et sa vieille église romane, a donné son nom aux Bains qui se sont établis à l’ouest de celle-ci et en bas. On y trouve un établissement thermal dont M. Mandon en fût l’acquéreur en 1865, après en avoir été le directeur. La rue qui le jouxte en porte toujours son nom. Un établissement de bains fut construit en 1832 par 2 associés (M. Serre et Dr Vernière), 5 ans après la découverte de la source principale : la Source du Mont Cornadore. Comme tout bon établissement thermal, celui-ci s’est construit autour des sources les plus importantes (thermalité et débit) de la ville.
J’ai voulu visiter (visite interdite) ces Bains un peu plus en détail mais tout est clos, muet. Toute activité thermale a cessé ici, depuis les années 1970. Sans entretien, les bâtiments se dégradent doucement un peu plus chaque année.
On y retrouve à gauche un ancien hôtel qui longe une muraille de rochers et à droite les thermes. Les deux communiquent par une galerie (visible sur la carte postale).
L’établissement des bains domine un peu le lieu avec des étages où les fenêtres donnent vue sur la vieille église romane, qui est l’un des plus beaux monuments historiques de la région.
Le haut de cet établissement ne fut en réalité qu’une annexe de l’hôtel recevant plusieurs chambres, tandis qu’en dessous on y retrouvait diverses installations thermales qui n’ont cessé d’évoluer au fil du temps.
Nous somme au XIXe siècle, à l’aube de l’industrialisation des bains. L’évolution des techniques, des moeurs et le capitalisme a profondément modifié les rituels thermaux. Ainsi, M. Mandon, comme tout bon propriétaire de thermes, ne néglige rien (dès 1865) et s’adapte aux exigences du médecin-inspecteur et d’une clientèle de plus en plus exigeante car relativement aisée. Par conséquent, M. Mandon améliore les diverses installations existantes et en acquiert de nouvelles chaque année. Cependant, la station se transforme de plus en plus en lieu de villégiature qu’en lieu de cure
À cette époque, on assiste également à une boulimie de styles (néo-classique, néo-byzantin, néo-gothique…) donnant naissance à un véritable urbanisme thermal : thermes, hôtel, casino, kiosque, villa… En 1873, l’architecte des Monuments Historiques, M. Bruyère, édifie un fronton triangulaire avec un grand hall surmonté d’une verrière et donnant accès à des cabines supplémentaires. Depuis 2011, ce bâtiment est protégé au titre des Monuments Historiques.
♨️ Les sources chaudes :
L’eau qui alimentait les cabinets de bains provenait exclusivement de la Source du Mont-Cornadore (température native de 39°C et débit de 52 l/min) dont la conduite s’effectuait par un tuyau en plomb. Elle était aussi utilisée en cure de boisson, en plus d’autres sources minérales froides (source du Parc, source Morange, source Romaine). Le captage de cette source, situé sous l’établissement thermal, n’est pas accessible. En 2003, la température relevée de la source est de 30,4 degrés. Aussi, cette source exhale une odeur d’oeuf pourri (source sulfureuse).
Une autre source, nommée source Intermittente (température de 25°C), au faible débit (inférieur à 1 litre par minute) fut exploitée à partir de 1877. Elle se trouve sous l’établissement thermal mais son captage (un puits de 2 m de profondeur) aurait été recouvert, scellé et les eaux, si ils en restent, se perdent désormais sous le bâtiment. Cette source, disparue à jamais, était utilisée en buvette. Cette dernière n’était probablement qu’une partie de la source du Mont-Cornadore mal captée.
Enfin, l’établissement thermal était alimenté par la Source du Rocher (température de 25°C), au faible débit (2,1 litres par minute), utilisée essentiellement en buvette. C’est en 1875, en creusant le sol de l’hôtel pour les fondations, que les ouvriers découvre la source. Elle fait l’objet d’une première demande d’autorisation d’exploitation en 1895 et d’une deuxième en 1928, qui fut cette fois-ci rejetée en raison d’une pollution bactériologique. Depuis, elle a probablement été comblée car elle demeure introuvable.
L’hôtel du Cornadore est un bâtiment qui a été construit au dessus et en arrière des grottes du Cornadore. En 1975, il a été démoli (tout ce qui se trouve à gauche du trait rouge sur l’image) et remplacé par un terre-plein aplani.
La source Morange
La source se trouve à environ 450 mètres des Bains du Mont-Cornadore en sortant de Saint-Nectaire-le-Haut, proche de la route en direction du Mont-Dore. Pour rejoindre la buvette, j’enjambe le Courançon sur un vieux pont en pierre à une seule arche. Non loin de là, je peux y voir un petit pavillon avec une toiture en zinc abritant le captage (captée en 1873) de la source.
Lors de mon passage, un panneau pédagogique venait d’être installé sur le site, les travaux ont été réalisé par l’Association de Sauvegarde du patrimoine Thermal de Saint-nectaire. Ce panneau nous montre qu’autrefois l’abri était verrouillé par une porte fermé à clef. Une petite rétribution était probablement demandé aux baigneurs pour une consommation sur place.
🍵 À l’époque, les buveurs d’eau minérale devaient s’acquitter (dans une buvette thermale) d’une somme non négligeable (quelques dizaines de centimes) pour consommer une eau minérale. Elle était considérée à juste titre comme un véritable produit médicinal, rare et recherchée.
Le promeneur peut désormais venir boire l’eau minérale, l’accès étant libre. Après l’avoir goûtée, l’eau a une saveur un peu salée avec une minéralisation totale de 9 grammes, soit la plus importante de Saint-Nectaire. Elle est aussi fortement acidulée par le gaz carbonique ce qui se révèle très agréable en bouche. Ces eaux étaient employées pour faciliter le transit intestinal, les encombrements gastriques et lutter contre l’obésité. Enfin, j’ai relevé une température de 15,6°C pour cette source froide.
Les sources des grottes du Cornadore
Visite payante
Retrouvez toutes les informations nécessaires pour la visite du lieu sur le site officiel : Les Grottes du Cornadore
Le cheminement dans la grotte est un petit labyrinthe qu’on parcourt dans sa totalité sur quelques 150 mètres. Au début du parcours, la voûte est si basse que la grotte a dû poser des problèmes délicats d’aménagements. Il a fallu creuser le sol et par endroits le plafond pour la rendre praticable. Si vous êtes haut de taille, baissez la tête (casque obligatoire).
La galerie descend vers un fantastique ballet minéral où le regard s’égare dans des perspectives somptueuses. Sur le côté, une sorte de plancher stalagmitique colorée par des oxydes de fer recouvre partout le sol originel et valorise les concrétions.
Des suintements d’eaux minérales arrosent depuis la voûte de petits gours (vasques) aux formes très variées. Ces eaux sont tièdes (20 à 22°C) et très minéralisées (entre 8 et 12 g/l). Dans une cavité naturelle (découverte au XIXe siècle), on peut voir une vasque un peu plus éloignée. Celle-ci se trouve au milieu d’une salle et recueille les eaux d’une source pétrifiante (21,9°C). La vasque est environnée de stalactites blanches.
Au bout de la galerie souterraine descendante, on débouche tout à coup vers une salle avec un abri sous roche long de plusieurs dizaines de mètres. La curiosité du lieu est un stalagmite bien épais qui fait presque colonne avec des stalactites d’où s’échappent 2 gouttes à gouttes. Ces derniers proviennent de deux sources bicarbonatées sodiques de compositions similaires mais avec une petite différence dans leurs principes minéralisateurs.
Un petit escalier permet d’observer un peu plus en hauteur la curiosité. Dans cette salle, la visite est facile, car le sol est horizontal et sous un éclairage naturel. Quelques mètres plus loin, on observe une sorte de pédiluve couvert par une nappe d’eau (minérale) de quelques cm retenue par une marche margelle. Par endroits se dessinent quelques vasques à pisolites. Autrefois, ce lieu rassemblait plus d’une quinzaine de bains.
La paroi est partout revêtue de coulées vivantes (riche en micro-organismes). Au bout de la salle, la voûte porte par endroits de courtes stalactites. Tandis qu’au-dessus, une salle inaccessible creusée dans le granit recueillait des sources thermales (22°C) et servait de tépidarium (salle tiède qui permet de passer au caldarium et inversement).
Dans la salle actuelle, une porte permet néanmoins d’accéder au caldarium, la salle la plus chaude. Cette salle est large et le plafond modérément élevée. Les parois et la voûte sont presque nues.
Ces thermes étaient approvisionnés par de l’eau tiède (20-22°C), provenant de tout un réseau d’aqueducs en bois. L’eau ne pouvait être stockée ici. Les baignoires n’étaient pas alimentés en flux continu (incidence sur les propriétés physico-chimiques de l’eau) et l’eau tiède devait être chauffée artificiellement. Des pierres volcaniques, préalablement chauffées à très haute température, portait l’eau des baignoires à 45-50°C. La température interne de la grotte et l’humidité ambiante étaient ainsi fortement perturbées (variations brutales). La température de la salle atteignait 60°C comme dans un sauna.
L’humidité des parois, le C02 expiré par les soldats romains (une quinzaine dans la salle), l’éclairage permanent des torches et lampes à graisse animale favorisaient la photosynthèse et les algues, bactéries, cyanobactéries, amibes et même champignons pouvaient se répandre et fragiliser l’équilibre biologique (micro-organismes indigènes).
Comme l’eau minérale était chauffée artificiellement, les propriétés des eaux étaient différentes et amoindries. Les romains profitaient donc davantage des effets physiques de l’eau chaude que des principes thermaux (amoindries).
Cependant, ce lieu était considéré comme un véritable hôpital militaire permettant aux soldats de soigner leurs blessures de guerre. Il y avait de l’eau mais aussi du sang dans les baignoires. L’utilisation (au griffon) des sources minérales en cure de boisson devait certainement faire partie de leurs routines afin de compléter les effets du bain.
🏥Le saviez-vous?
Durant la première guerre mondiale, de 1914 à 1918, les blessés étaient accueillis par les stations thermales, dans des hôpitaux militaires construits à la hâte.
Pour finir, une échelle de pétrification se trouve sur le côté. Les eaux d’une source pétrifiante déposent du carbonate de chaux (et d’autres minéraux) sur divers objets. La visite se termine par la boutique où chaque visiteur pourra emporter l’une de ces cristallisations (objets d’arts) comme souvenir.
La source Giraudon
Après avoir enjambé le pont qui fait face à l’entrée des grottes du Mont-Cornadore, je remonte la rue Morange sur quelques dizaines de mètres. La source émerge en bordure gauche de la route, dans un fouillis végétal. Son emplacement est indiqué par un petit panneau qui semble impossible à atteindre (photo prise en drone). Les ronces gardent sauvagement le lieu.
Pour capter la source et éviter tout mélange avec les écoulements de surface, une galerie de 24 mètres a été creusée dans la terre. Mais celle-ci existait déjà dans les années 1920 et nul ne sait depuis combien de temps elle est là. Cela prouve qu’il existe en réalité trop peu de documentation concernant l’exploitation des sources minérales, dans un passé pourtant proche.
Dès 1920, d’importants travaux d’amélioration du captage sont entrepris et dureront 8 années. D’importantes chutes de débit provoquées par des colmatages de fissures hydrominérales entraineront d’autres travaux de recaptage autour des années 1970. La galerie de 24 mètres s’est alors transformé en un véritable ouvrage complexe.
Ce n’est qu’en 1973 qu’une autorisation officielle d’exploitation de la source sera accordée à son propriétaire. En 1978, l’eau de la source est acheminée jusqu’à l’établissement thermal du centre Thermadore (qui ouvre ses portes) pour son utilisation.
En 2003, l’exploitation de la source est suspendue définitivement pour des causes fréquentes de pollutions bactériologiques (suspension temporaire en 2001).
La source Edmond
À Saint-Nectaire, un certain nombre de sources, généralement les plus froides, ont servi à l’industrie des pétrifications. Cette activité, qui perdure à Saint-nectaire, était très en vogue au cours des siècles précédents.
Près des sources ou des grottes des secteurs calcaires, des bâtiments destinés aux incrustations sur moulage furent bâtis sur les lieux mêmes ou à proximité.
Concernant la source Edmond (appelée également source du Pré Saint-Amand), celle-ci émerge au fond d’une galerie, puis l’eau est acheminée jusqu’à un bâtiment bâti au pied de la colline.
L’esplanade autour de l’église romane et les abords offrent un joli point d’observation sur ce bâtiment et son terrain qui est privé. À l’intérieur, on y trouve les échelles de la fontaine pétrifiante, qui sont les plus spectaculaires de Saint-Nectaire.
Lorsque l’eau minérale atteint l’intérieur du bâtiment, elle arrive par les parties supérieures, et se dirige ensuite sur les moules distribués dans les étages inférieurs. Les eaux sont ensuite évacuées par un trou dans le mur avant, à l’angle du bâtiment. En 1924, un relevé donne pour cette source (à l’émergence) une température de 32°C et un débit d’environ 66 litres par minute.
La source Gubler
À l’angle d’un bâtiment d’habitation, derrière un mur, une eau chaude sort d’un trou du rocher.
Ce trou, qui semble naturel aux premiers abords, a été cimenté à l’intérieur de toute part et prolongé de plusieurs mètres (galerie de 25 mètres) lors de multiples travaux qui ont été réalisés pour aménager un captage décent. Ces travaux (1885, 1887, 1905, 1936) avaient pour but d’accroitre le débit de la source et de la protéger des infiltrations d’eaux superficielles. La source est à l’origine trois petits griffons voisins sortant du rocher granitique.
Après un relevé de température de 30°C effectué en 2003 par le BRGM (Service Géologique National) dans la cavité et dans une eau stagnante, nul doute que la source était intéressante. Mais en 1936, sa demande d’autorisation d’exploitation fut rejetée en raison de pollutions bactériologiques.
🦠Pollutions bactériologiques :
Tout travaux d’aménagements en surface effectué à l’emplacement même des sources ou à proximité peut entraîner des contaminations de l’eau minérale.
En revanche, les eaux de sources profondes contiennent déjà des micro-organismes (bactéries, virus, archées…) dits « indigènes » qui ne signalent pas d’une contamination extérieure. Des micro-organismes vivent à des kilomètres sous terre (biosphère profonde).
La source de la Voûte
La source sourde naturellement entre les rochers qui bordent la route, quasiment en face de la Poste de Saint-Nectaire.
Pour rejoindre la grotte (non visible de la route) qui l’abrite, j’aborde d’abord un terrain herbeux, qui est envahi par l’eau de la source. Les bottes sont inutiles ici, puisqu’on s’enfonce jusqu’aux genoux.
Lorsque je débouche sur la source, je tombe sur une grotte plus ou moins émaillée de concrétions et dont l’entrée grande ouverte me laisse percevoir la beauté du lieu. Ces prodigieuses combinaisons que la nature enfante en mêlant des eaux chargées en sels minéraux (et bien plus) et la roche se trouve ici pour la volupté des yeux.
Néanmoins, c’est aussi à la température élevée d’une source que l’on doit la rémission d’un grand nombre de maladies chroniques cutanées et rhumatismales, rémission que l’on attendrait longtemps avec des bains tempérés, même si la couleur de l’eau est d’un bleu laiteux. Un bain prolongé (avec une température confortable) reste indispensable pour que le corps puisse absorber une certaine quantité de substances chimiques dissoutes dans l’eau. Pour en connaitre davantage sur les bienfaits d’un bain chaud, je vous invite à consulter notre article : les énormes bienfaits du bain chaud.
Il est donc regrettable que la source n’ait pas un plus haut degré de chaleur avec sa vingtaine de degrés. Aussi, sa température et son faible débit (5l/min) ont sans doute constitué un frein pour ne pas l’exploiter.
Le marais salé
Par endroits à Saint-Nectaire, comme ici, le sol est tellement imprégné de matières salines déposées par les eaux que des plantes maritimes, qui poussent habituellement en bord de mer, s’y développent.
Ce site offre une flore maritime exceptionnelle, la plus riche d’Auvergne. Un panneau pédagogique implanté aux abords du site, classé Natura 2000, indique que ces résurgences d’eau salée génèrent un biotope maritime extraordinaire de plantes halophiles dont voici quelques espèces :
- le Plantain maritime
- le Glaux maritime
- le Jonc de Gérard
- le Troscard des marais
- la glycérie à épis espacés
- le Scirpe maritime
- l’Orge d’Europe
- …
Les sources du centre Thermadore, ancien complexe thermal
Un établissement thermal, dénommé Lignerat, a été construit en 1978 pour relancer l’activité thermale de la contrée mais il ferma définitivement ses portes en 2004. Lors de mon passage en octobre 2024, celui-ci a été complètement rasé (après avoir été désamianté). L’établissement thermal était implanté à gauche (sur la photo) de l’espace Thermoludique, un bâtiment plus récent (construit en 2002) qui a été conservé.
Concernant l’utilisation des sources minérales par l’établissement thermal Lignerat pour la cure en boisson (buvette), il fallait se rendre :
– au nord du bourg : la source du Parc et la source du Mont-Cornadore alimentaient toujours la buvette de l’ancien établissement des Bains du Mont-Cornadore
– au sud du bourg : la source Boëtte et Saint-Cézaire alimentaient toujours la buvette de l’ancien établissement des Grands Thermes.
Quant aux sources utilisées pour les soins thermaux (bains, douches…), 3 étaient issues d’un forage réalisés en 1981-1982. Elles étaient d’abord mélangées dans un bac avec la source Giraudon, dont l’ensemble (4 sources) constituait le mélange Renouveau. Celui-ci était ensuite stocké dans 2 réservoirs de 80 m3 (50°C) avant d’être refroidi artificiellement par un échangeur à plaques afin de délivrer une eau à 37°C. Les ressources en eaux devaient être maitrisées.
💡Le mélange des eaux thermales à Saint-nectaire :
Des écrits indiquent (au XIXe siècle) que les anciens thermes de Saint-Nectaire faisaient en sorte de ne pas mélanger pas leurs sources à températures différentes, contrairement à ce qui se faisait presque partout ailleurs. Chaque cabinet (baignoires et douches) ne recevait ainsi que l’eau d’une seule source, conservant ainsi sa thermalité et son caractère unique.
Néanmoins, pour les douches, lorsque la température native de la source était trop élevée pour certains malades, celle-ci était mélangée avec des eaux minérales plus fraiches qui naissent partout autour des établissements. La valeur thérapeutique des eaux s’en trouve alors modifiée.
Les sources issues d’un forage :
Une fois les failles localisées, qui est un travail complexe en géologie, les forages sont réalisés.
Le forage Charles, situé à 30 mètres au nord des thermes, a une profondeur de 57 mètres. Autrefois, une petite construction en bois couvrait le captage. Le bac de mélange était situé sous cet abri. Cette source, issue d’un forage, fait partie des plus chaudes de la station (entre 50°C et 62°C) avec celle du forage Say .
Le forage Say, situé à environ 200 mètres au nord-ouest des thermes, a une profondeur de 100 mètres. Ce griffon communique avec celui de la source Giraudon, de telle sorte que c’est la même eau avec deux conduites différentes. La mise en place du forage Say a réduit de plus de 30% le débit de la source Giraudon.
Le forage Sans Souci, situé à environ 300 mètres au sud-ouest des thermes, a une profondeur de 124 mètres. Son nom provient probablement du fait que son eau ne provoque pas d’encroûtements calcaires au niveau de l’installation et de la canalisation la reliant aux thermes.
La minéralisation totale de la source Sans Souci est pourtant similaire (6 g. par litre) aux 2 autres sources issues d’un forage (Say et Charles) mais sa composition est différente. L’eau Sans Souci est aussi mélangée à l’eau du forage Say afin d’empêcher cette dernière de créer des dépôts calcaires au niveau de l’installation et de sa canalisation la reliant aux thermes. Malgré tout, une ultime précaution consiste à injecter occasionnellement un détartrant dans les canalisations.
Il fut un temps à Saint-Nectaire, où les visiteurs se recueillaient dans une muette admiration à laquelle ne peuvent échapper les âmes les plus prosaïques, devant un geyser qui crache haut ses eaux chaudes.
En 1981, un sondage foré (forage Charles) dans le but de trouver une source chaude provoqua la venue inopinée d’un geyser gigantesque (le plus haut geyser d’Europe continentale) qui interrompit les travaux. La décompression soudaine du gaz carbonique emprisonné dans la nappe d’eau souterraine piégée par le granite fracturé fit jaillir l’eau chaude (55°C). Cette phase geysérienne, qui s’est produite en octobre-novembre 1981, perturba temporairement le débit de la source Papon (voir Fontaines Pétrifiantes).
Aussi, et bien avant la mise en place de ces 3 forages, le bassin thermal de Saint-Nectaire ne fut pas épargné par les forages pour la recherche de nouvelles sources minérales. L’une d’elles (puits de 12 mètres) a été mise à jour avant la première guerre mondiale et une autre (puits de 31 mètres) en 1928. Elles portaient toutes deux le nom de source Antonia (car très proches) et étaient abritées sous une cabane (localisée sur l’image au dessus). L’ensemble a disparu depuis quelques années.
La source du Scay
Derrière le centre Thermadore, un pont métallique enjambe le Courançon et permet de rejoindre la source. On aperçoit un bâtiment en hauteur abritant l’échelle d’une fontaine pétrifiante. Des eaux à 30°C (d’après mon relevé), sortent d’un canal d’évacuation au pied du bâtiment.
Le captage de la source se trouve au nord-ouest du bâtiment. On y trouve deux petits bassins couverts protégés par une grille. En 2003, son débit atteint les 32 litres à la minute (relevé BRGM).
Les sources des Fontaines Pétrifiantes
Visite payante
Retrouvez toutes les informations nécessaires pour la visite du lieu sur le site officiel : Les Fontaines pétrifiantes
🗺️ Au détour d’une salle, vous tomberez sur une carte mondiale des sources chaudes assez attrayante
La visite commence dans une salle, à l’étage d’un bâtiment assez moderne (réhabilité en 2003), avec la diffusion d’un documentaire enregistré. Cette salle communique avec une galerie déclive où l’on prend ensuite le temps de lire plusieurs panneaux didactiques. À partir de là, le chemin est cimenté, facile, qu’on suit de bout en bout. La promenade souterraine est sans difficulté.
On découvre ici une petite grotte ramassée sur elle-même. La voie est dégagée et les premières concrétions apparaissent à gauche, avec des coulées aux formes figuratives, des fistuleuses, des stalactites.
On remarque dans la paroi droite (juste avant un muret) un renfoncement avec des concrétions. Une source pétrifiante arrose depuis la voûte des surfaces ridées de micro-gours, des excentriques et de belles incrustations (oiseaux) dont leurs présences renforcent l’émotion esthétique des visiteurs. Passé ce couloir, un muret retient une source bien chaude qui égaie le parcours.
Mais d’où vient cette eau? Cette eau provient de deux sources captées qui se réunissent dans une galerie souterraine, cette dernière se trouvant 10 mètres sous le bassin. Elle est alimentée par la source Papon (52°C) et reçoit, de plus, pour tempérer son excès de chaleur, une eau minérale froide (18°C). Suivant le débit de l’une et de l’autre, la température du bassin s’y maintient en moyenne à 35°C. Lors de ma visite, mon thermomètre indiquait 37°C.
♨️ La source Papon :
La source Papon est en réalité constituée de plusieurs griffons souterrains (au moins 5) qui ont été découverts (et nommés) dans les années 1910. Ces derniers communiquent probablement ensemble, de telle sorte que c’est la même eau (au niveau de leurs origines) avec 5 conduites et sous 5 noms différents.
Néanmoins, toutes ces eaux chaudes parviennent dans une galerie souterraine où s’effectue le mélange avec une arrivée d’eau minérale plus fraiche (18°C). Toutes ces sources sont de nature bicarbonatées sodiques avec une minéralisation proche des 6 grammes par litre.
L’arrivée de cette eau minérale froide est nécessaire, car sans elle, peut être que le visiteur n’aurait pas pu entrer dans la grotte, arrêté par la chaleur et les vapeurs (vaporarium). Ou bien il aurait été possible d’y séjourner un temps limité du fait de la chaleur excessive.
Le parcours traverse plusieurs salles (diffusion de documentaires, expositions, atelier…) qui diversifie l’intérêt de la visite. Puis, une dernière salle (avant la boutique) permet d’accéder à une plateforme mettant hors de portée des mains divers objets soigneusement disposés sur une échelle de pétrification, haute de 14 mètres.
Les sources Léon et Eulalie
La source Léon se trouve en bordure gauche de la route en direction de Sapchat, derrière l’hôtel du parc. En s’avançant vers l’orée du bois, il faut s’engager sur une forte pente ascendante. La galerie, d’une longueur de 50 mètres, n’est donc pas visible de la route.
Une fois devant, il m’est impossible de faire un petit écart à cause des ronces qui ont envahi les lieux.
Une autre source (source Eulalie), qui est voisine de la source Léon, se trouve dans une galerie parallèle à une quarantaine de mètres. Je n’ai pas réussi à la repérer. En 1924, ces 2 sources indiquent une température respective de 28°C et 30°C. Aujourd’hui, la source Léon n’affiche plus que 16-17 degrés.
Ces 2 sources, firent donc l’objet d’une exploitation, préférentiellement comme matière première pour les pétrifications. Elles sont d’ailleurs toujours canalisées jusqu’à un petit établissement de sources pétrifiantes qui est situé un peu plus bas au bord de la route de Sapchat.
Les sources Bélonie
Les sources de Bélonie, au nombre de 3 (Sainte-Marie, André et Bauger) et toutes voisines, jaillissent de la base granitique du Puy d’Eraigne (montagne en partie volcanique) au fond d’un jardin abandonné qui jouxte l’hôtel de l’ermitage, longé par la route Sapchat.
On pouvait autrefois déguster l’eau dans une petite fontaine sommairement aménagée pour la cure de boisson. Elle était réputée très agréable au goût.
La révocation de l’autorisation ministérielle d’exploiter les sources fut prononcée en 1958, après plusieurs années d’abandon. Les sources sont froides (12°C à 14°C), de type bicarbonatées sodiques et ont une certaine teneur en fer. Elles ont une grande analogie de composition avec la source Rouge.
La source Rouge
La source tient son nom des dépôts rouges qu’elles abandonnent. Elle sourde en bordure de la route Sapchat, là où s’élève le Puy d’Eraigne et probablement (le captage est introuvable) à quelques mètres des sources Bélonie.
En 1895, la source est captée (date exacte de l’origine du captage est inconnue) grâce à un puits de 5 mètres qui traverse le granite. La source est reliée à une buvette par une conduite de 30 mètres. Cette buvette se trouve dans l’angle formé par la route de Sapchat et celle de Saint-Nectaire-le-Haut dans un petit pavillon assez élégant.
Le propriétaire de la source Rouge, M. Versepuy, n’était autre que le gendre de M. Mandon. Propriétaire de l’hôtel Cornadore, il reprend également les thermes du même nom vers 1870. L’usage de la buvette était réservé uniquement à ses clients.
Son accès était protégé par un solide grillage en fer (il fallait probablement payer une petite rétribution comme à la source Morange). On raconte que cela engendrait toute sortes de trafics, dont le principal était d’attacher le gobelet du baigneur à un long bâton pour puiser la source : « Certains malades boivent ainsi d’un coup la ration de plusieurs jours. »
💡Cure en boisson :
Depuis la fin du Second Empire (vers 1870), les buveurs d’eaux sont munis de verres gradués dont l’invention serait due au Dr Casimir Daumas de Vichy. À cette époque, l’eau minérale est déjà considérée comme un produit médicinal vendu assez cher, que l’on consomme à petites doses.
Cette source à 23 degrés, utilisée en cure de boisson, était très bonne à boire. Mais lorsque la buvette ferma définitivement, elle fut remplacée par la source Coquille au goût moins agréable.
Comme toutes les sources de Saint-Nectaire, elle est de type bicarbonatée sodique. Elle est salée, bien gazeuse et sa couleur rouge présage d’une teneur élevée en fer. Son débit était de 22 litres par minute.
Les Bains Boëtte - Grands Thermes (anciens thermes)
L’établissement des Grands Thermes est situé au niveau de l’embranchement menant à Saint-Nectaire-le-Haut, en face du pavillon de la source Rouge.
En 1822, après avoir découvert 3 sources (source Rocher, source Boëtte, source Cézaire), M. Boëtte sentit la nécessité d’élever un établissement. En 1824, il ferma donc l’entrée des sources, et fit construire un petit établissement de forme carré qui porta son nom jusqu’en 1890 : les Bains Boëtte. Les 2 sources se rendaient à l’étage dans des réservoirs. Au rez-de-chaussée, l’eau était distribuée dans 9 cabinets (principalement des douches et 2 baignoires en béton) réparties autour d’une salle carrée.
La source Boëtte et la source Saint-Cézaire, voisines l’une de l’autre, sont captées dans une galerie présente dans le soubassement du bâtiment. Cette galerie rejoint la berge du Courançon. La forte pression de l’une des sources (Boëtte), due à sa grande quantité en gaz carbonique, fait remonter une partie de ces eaux dans une salle voutée au rez-de-chaussée.
Lorsque j’entre dans cette salle (fermée à clef), qui est située derrière l’accueil de l’office du tourisme, je ressens immédiatement une odeur bien marquée d’oeuf pourri (source sulfureuse). Je remarque plusieurs compartiments creusés dans le roc même, avec des parois latérales recouvertes de ciment. Un filet d’eau s’écoule également sur la roche granitique. Je prends quelques photos et je ressors. Cette odeur est salutaire pour les poumons. Je vous invite à lire d’ailleurs notre article : Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles.
💡Captage des sources :
Leurs eaux sulfureuses laissent des dépôts calcaires au lieu même de l’émergence (sous-sol) et forment des masses de travertins que l’on peut constater (visite impossible) autour des 2 sources. Les captages sont englués de carbonates colorés et l’un d’eux n’est même plus visible (captage Boëtte). S’ils ne sont pas entretenus (curés, détartrés…) régulièrement, les encroûtements de calcaires peuvent provoquer une baisse de débit et de température de la source.
→ La source Saint-Cézaire, autrefois appelée « petite source Boëtte » a une température native de 44°C (🤔t° à vérifier). Aujourd’hui, il n’existe aucune donnée sur sa température actuelle. Elle émerge à 5 mètres de la source Boëtte, un peu plus à l’Est et toujours sous l’établissement.
→ La source Boëtte, autrefois appelée « Grande source Boëtte », est la plus abondante et a une température native de 40°C. Un premier captage est réalisé en 1823-1824. Puis le débit de la source devenait de plus en faible pour permettre une exploitation véritable. Son débit de 36 litres à la minute en 1843 chuta à 3 litres par minute en 1885. La source fut à chaque fois recaptée (1880, 1885 et 1921) après des chutes de débits. Il n’existe que très peu d’informations depuis le dernier recaptage (1921). Il semblerait que la température de la source ne soit plus que d’une trentaine de degrés et son débit variable ne dépasse plus les 20 litres à la minute.
🫗Buvette (rotonde) :
L’eau des 2 sources était acheminée par des conduites en plomb jusqu’aux réservoirs des bains et jusqu’aux buvettes situées dans une coupole, sur la place de l’office du tourisme.
La longueur de chacun des tuyaux en plomb, depuis la source jusqu’à la buvette, n’est que de 30 à 40 mètres. Ce court parcours n’a probablement qu’une légère incidence sur les qualités intrinsèques de l’eau. Néanmoins, l’emploi de plomb (comme aux Bains du Mont-Cornadore), pour des canalisations destinées à transporter des eaux médicinales, peut présenter des risques éventuels de contamination.
Dans une canalisation en plomb (toxique), l’eau se charge de ce métal. Sa charge augmente d’autant plus qu’elle est chaude, acide, et qu’elle passe du temps au contact avec cet élément.
Lorsqu’elles arrivaient à la buvette (et aux bains), les eaux de la source Cézaire et Boëtte avaient certainement des propriétés différentes et amoindries, par rapport à leur condition native. De plus, lorsque le plomb est sommairement travaillé, on s’empoisonne littéralement.
Bien qu’interdites depuis 1995, les canalisations en plomb étaient largement utilisées au XIXe et XXe siècle. D’ailleurs, elles seraient encore présentes dans environ 7,5 millions de logements en France, d’après un rapport de 2013 de l’Inspection Générale de l’Environnement et du Développement Durable (IGEDD) [référence]. Pour connaitre les effets toxiques du plomb sur la santé, veuillez vous référer au site du ministère [https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/batiments/article/effets-du-plomb-sur-la-sante]
🛠 Les canalisations :
Les tuyaux de plomb, responsables du saturnisme, les tuyaux de fer sensibles à la corrosion, les tuyaux de ciment mêlés d’amiante cancérigène, les tuyaux en plastique (voir étude), etc, ont tous des inconvénients.
Aussi une eau sulfureuse produit des effets sur certains réactifs comme le plomb. L’intérieur du tuyau prend alors une teinte brune et des précipités (cristaux de soufre) se forment.
En 2003, les températures respectives de la buvette Saint-Cézaire, Boëtte, et Mont-Cornadore sont de 31,6 ; 33,5 et 30,4°C degrés. À cette date, elles sont utilisées une dernière fois en cure de boisson par les curistes de Thermadore.
Aussi, une telle différence de température par rapport à la température native des sources font que ces 3 sources avaient des propriétés différentes et amoindries (en plus de celles introduites par une tuyauterie en plomb). De plus, le débit de chaque buvette (Saint-Cézaire, Boëtte, Mont-Cornadore) s’est réduit de moitié minimum entre 1930 et 1987.
💡Autour des sources :
« Munis de leur ordonnance, les buveurs d’eaux, sans perdre de temps, se rendent aux sources qui leur sont indiquées. Ils se soucient peu de l’histoire parfois mouvementée de ces eaux, et encore moins des savantes analyses qui sont régulièrement faites pour en contrôler la composition et la pureté. Les noms seuls des sources leur deviennent familiers. » (Cf référence : La vie quotidienne dans les villes d’eaux (1850-1914) de Armand Wallon).
💡Le temps des assurés sociaux dans le thermalisme :
Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que le thermalisme fut reconnu comme une forme thérapeutique à part entière. La sécurité sociale n’a été créée qu’en 1945 et les décrets relatifs à la crénothérapie (médecine thermale) ont été pris en 1947. La cure thermale est alors prise en charge par la sécurité sociale. L’essentiel de la clientèle des stations fut désormais représenté par des assurés sociaux.
Les Bains Romains (anciens thermes)
La découverte d’une des sources principales (celles utilisées pour les bains) de saint-Nectaire-le-Bas remonte, comme celle de beaucoup d’autres thermes, à la Haute Antiquité. On a trouvé des traces d’établissements fondés par les romains.
C’est en 1812, qu’un habitant de Saint-Nectaire, nommé Mandon, découvre la source Gros-Bouillon (ou source Mandon) en creusant une cave. Il s’associe alors avec le Dr Marcon pour aménager des Bains (2 piscines) afin d’exploiter la source Gros-Bouillon et 2 autres sources (Vieille Source et fontaine de la Vieille-voûte) qui étaient déjà là (sous forme de buvette) et dont on ne connaît l’origine exacte.
Mais en 1817, l’architecte M. Ledru adresse un courrier au préfet pour lui notifier l’état de taudis dans lequel sont exploitées les sources. Même si les malades repartaient certainement avec la guérison, nous sommes à l’aube du XIXe siècle et le thermalisme était à réinventer. D’après l’architecte, le bâtiment est horrible et sombre; l’équipement qui sert à l’exploitation des sources chaudes est minable.
Ainsi, M. Mandon sentit la nécessité de reconstruire un établissement plus important auprès des sources, qu’il appellera les Bains Romains. Ce nom provient d’anciennes piscines romaines trouvées sur leur emplacement au moment de sa construction. Les Bains Romains correspondent à la partie droite (« Bains Romains ») du bâtiment sur l’image ci-après, la partie Gauche correspond à l’hôtel (« Maison meublée ») qui fut construit plus tard (probablement vers 1840).
Le corps du bâtiment comprenait 10 cabinets (autant de douches et 12 baignoires en béton) disposés autour d’une vaste salle voûtée et bien éclairée. Les bains avaient l’avantage, et pas des moindres, d’être pris en « eau courante » et à une température native.
🛁Bain en eau courante :
Un bain en eau courante permet de faire circuler en permanence l’eau thermale dans la baignoire (comme dans une source chaude naturelle). L’eau est donc renouvelée continuellement, avec une certaine mobilité interne de l’eau, et la température du bain y est constante. Cela donne pour effet une pénétration transcutanée plus efficace des diverses substances minérales et organiques qui sont dissoutes dans l’eau.
Ainsi, les eaux de Saint-Nectaire disposaient d’atouts indéniables puisque toutes les sources principales (celles qu’on utilisait pour les bains dans les 3 anciens thermes) pouvaient être administrés à leur température native (bain en eau courante), dès qu’elles sortent du rocher, et donc en évitant une trop longue stagnation (qui favorise le dégazage, la floculation des substances minérales, une perte plus ou moins rapide de l’effet médicamenteux…).
Ainsi, on donnait des bains dont une perte légère était compensée par de l’eau qui coulait continuellement, afin d’y maintenir une température constante (généralement autour des 36°C). J’y reviendrai un peu plus loin.
Au cours du XIXe, les Bains Romains changent plusieurs fois de main. En 1907, ils sont rachetés par la Société thermale (qui rachète aussi les autres thermes), et seront plus tard l’hôtel Mercure. L’image ci-après permet de constater l’agrandissement tout en hauteur d’un bâtiment qui fut construit à l’origine avant le second empire. On agrandissait les établissements thermaux et on les modernisait chaque fois que c’est possible.
Un bâtiment (à droite du trait rouge) jouxte le côté Ouest du monument thermal (Nouvel Établissement des bains Romains qui est resté tel quel aujourd’hui), et comprend un ou deux étages. C’est par ce bâtiment qu’on accède à l’ensemble des chambres de l’hôtel.
En marchant dans le couloir de l’hôtel, je tombe sur une source (Gros-Bouillon) enfermée de toutes parts dans un petit espace. Cette précaution évite ainsi aux clients de l’hôtel d’être importunés par l’odeur d’oeuf pourri qui se dégage de la source. Dans la nature, ce gaz (sulfure d’hydrogène) révèle sa présence par son odeur. La source est éclairée par le bas; et la lumière contribue à en faire ressortir son jaillissement. Mais son captage se trouve (normalement) dans le soubassement de l’hôtel.
La source doit son nom à un bouillonnement spectaculaire due à sa grande richesse en gaz carbonique, bouillonnement qui faisait autrefois l’admiration des visiteurs.
♨️ Les sources chaudes des Bains Romains :
La source Gros-Bouillon :
En 1840, la source Gros-Bouillon donnait plus de 60 litres à la minute et une température de 37,5°C. À cette époque lointaine, les eaux de cette source étaient réunies à l’étage des bains Romains avec celles de la Vieille Source.
Aussi, la source actuelle Gros-Bouillon ne date en quelque sorte d’hier puisqu’elle n’est que le résultat d’une succession de travaux qui ont été réalisés sur le captage tout au long du XIXe et du XXe siècle. On peut alors se demander si la source actuelle, est encore l’équivalente de la source ancienne, sous le rapport de leurs propriétés physiques (à l’émergence).
De plus, sa température et son débit ont quelque peu diminué au XXe siècle. En 1920, on constate une baisse majeure du débit. La source donne 40 litres par minute et une température de 34°C. À cette température, les choses changent alors sensiblement pour un bain en eau courante. Certains malades peuvent sentir le besoin de réchauffer leur bain. Par conséquent, l’eau doit être chauffée artificiellement.
À la fin de l’article, retrouvez la correspondance exceptionnelle d’un curiste en 1914 où le bain en eau courante (à 36°C) était prescrit à Saint-Nectaire.
La source Nouvelle :
En 1922, la mise en place d’un forage pour tenter d’accroitre le débit de la source Gros-Bouillon n’aura quasiment aucune incidence mais il permit de découvrir une autre source : la source Nouvelle au débit de 60 l/min.
En 1928, après analyse de l’eau, l’autorisation d’exploitation de la source Nouvelle est refusée en raison de pollutions bactériologiques aux coliformes. La réfection des égouts de l’hôtel n’a pas permis d’améliorer la qualité des eaux de la source Nouvelle. Cette dernière a tout de même été exploitée pendant plusieurs années. Suite à un énième (plus d’une dizaine) recaptage de la source Gros-Bouillon en 1958, la source Nouvelle a été abandonnée.
Une source ferrugineuse (sans nom)
La source offre une eau chaude (24°C), non gazeuse, riche en sels minéraux. Elle sort naturellement de la roche granitique et laisse de jolis dépôts ferreux colorés. Elle conserve donc soigneusement ses propriétés lorsqu’elle bue à la source. Son débit est plus élevée que celle de la source Morange et pourtant on ignore tout d’une éventuelle fréquentation durant le passé lointain.
C’est certainement l’une des plus belles sources ferrugineuses de Saint-Nectaire et pourtant rares sont ceux qui la connaissent aujourd’hui, en dehors de quelques habitants. Je n’ai pas de renseignements sur l’histoire ancienne de la source et son propriétaire actuel ne connait pas son nom.
Aussi, ces eaux, comme la plupart des sources déposent des carbonates et forment des travertins que l’on peut remarquer autour de la source.
Mais c’est en observant le fond du regard tout englué de carbonates colorés, que l’on saisit la rapidité du phénomène de la formation des travertins. La dame le nettoie plusieurs fois par semaine. Lorsque ces eaux étaient évacuées dans une canalisation enterrée, celle-ci lui causait davantage de problèmes (encroûtements calcaires, développement de biofilms…).
Des sources et des villas
À l’époque du thermalisme, il est de notoriété à Saint-Nectaire que la plupart des villas appartenaient à des médecins thermaux. Ceux-ci devaient exercer dans un logement convenable, si bien qu’une grande majorité d’entre eux louait, achetait ou faisait construire des villas plus ou moins importantes, suivant leur situation.
Aussi, toutes les villas qui sont mentionnées ici (situées à Saint-nectaire-le-Bas), se trouvent au voisinage de l’ancien établissement des Grands Thermes et renferment des sources ou en disposent à proximité. Elles ont toutes pour la plupart été construites vers 1890, date à laquelle l’établissement des Grands Thermes fut bâti.
Cette villa est comme son nom l’indique l’ancienne propriété du Dr Porge. Elle est à droite du jardin abandonné (sources Bélonie).
L’emplacement de cette belle maison en pierre, construite pratiquement en face de l’établissement des Grands Thermes, ne tient certainement pas du hasard. D’après le propriétaire actuel qui racheta la maison il y a quelques années, celle-ci abrite 2 sources dont les captages ont été comblés. Une tête de lion, posée sur un mur, décore toujours naïvement le lieu et laisse un souvenir impérissable.
Ce beau pavillon où le médecin (Dr Porge) donnait ses consultations couvrait ainsi une fontaine ferrugineuse que les visiteurs (indigents, riches, malades…) ne pouvaient utiliser sans son consentement. Ces visiteurs, qui venaient se soigner à l’eau de la source, dont les vertus curatives étaient réputées, prenaient l’eau aussi bien en boisson qu’en collyre (pour les yeux).
La plus belle des villas, du moins à l’époque, s’appelle la Villa Russe. Son caractère donne au lecteur une petite idée de la vie qu’on menait en ce lieu. Elle a été construite en 1890 pour un prince Orloff, de la famille impériale, qui se rendaient aux eaux à Saint-Nectaire.
Cet admirable résidence était autrefois entourée d’un petit parc princier, le parc de la source des Dames. Celui-ci n’existe plus mais la source, qui est intermittente, se trouve dans un endroit plutôt inaccessible, à droite de la villa.
Derrière une haie et une clôture, se trouve un griffon qui n’est plus entretenu et recouvert sous les immondices. Cette source, au faible débit, est celle qui contient la plus forte proportion d’arsenic, parmi les eaux de Saint-Nectaire. Juste à côté, il y a l’office du tourisme (anciens thermes).
Une source minérale coule également à l’intérieur de la villa et cause quelques désagréments (encroutements calcaires) à la propriétaire.
La villa du Dr Sérane, construite vers 1890, se trouve à gauche de la villa russe.
Comme son nom l’indique, cette villa pittoresque appartenait à l’un des médecins de Saint-Nectaire susceptibles de délivrer les ordonnances desquels les visiteurs sont admis à prendre les bains minéraux. Puis, pour le visiteur, il fallait (comme il se faisait ailleurs) obtenir une baignoire : une heure et un numéro de baignoire.
Enfin, il est possible d’observer deux points où des eaux ferrugineuses sortent du mur. Ces eaux (environ 15 degrés) sont reliées à la source par une canalisation en pierre. Le (ou les) griffon(s) est soit dans la villa soit dans le jardin.
La villa du Dolmen, construite vers 1890, se trouve à gauche de la villa du Docteur Sérane. Elle appartenait au Docteur Roux, un éminent médecin au XXe siècle. Il a également été maire de Saint-nectaire pendant 20 ans (1945-1965). Aussi, la longue avenue qui relie Saint-Nectaire-le Bas à Saint-Nectaire-le-Haut porte son nom.
La source du Dolmen a été aménagée vers 1895 et l’accès à la buvette se fait par une grille en fer forgé. Aujourd’hui, elle est à l’abandon. Cette source est à la fois la plus ferrugineuse des sources de Saint-Nectaire et la moins minéralisée. Derrière un mur en pierre, une cavité recueille une eau minérale de couleur sang (oxyde de fer).
Mon cher Docteur –
Je serais ravi de mon séjour ici et de mon traitement si…. mon Dr Roux est parti Dimanche après m’avoir laissé des indications précises –bain en eau courante 36° frictions et une certaine quantité d’eaux à boire par 50 et 80 gr. Si j’avais besoin d’un médecin il me recommande le Dr Sérane (son voisin) à qui il remet ma fiche… Vu la rareté de l’eau (🤔) -je vais attendre encore. Je me trouve très bien, tout les matins de 2 à 3 heures de marche dans la montagne – Que de pensées roulent encore dans mon esprit -Je vis avec vous, avec vos fils! Quelle désolation! Quelles angoisses! Je suis bloqué, impossible de songer partir…