Sources chaudes et bains naturels dans les Pyrénées-Orientales

Les Pyrénées sont riches en sources d’eau chaude, en particulier dans les Pyrénées-Orientales. 

On les trouve principalement le long des vallées de la Têt et du Tech. Cependant, la plupart de ces sources sont exploitées. Il reste toutefois quelques coins sauvages où l’eau chaude continue de jaillir des lèvres de la terre nourricière, pour le plus grand plaisir des voyageurs. Vous pouvez même vous y baigner gratuitement.

Les sources d'eau chaude sauvages dans les Pyrénées-Orientales
Les sources d'eau chaude sauvages dans les Pyrénées-Orientales

AU SOMMAIRE :

Un peu d'histoire

Les Pyrénées-Orientales ont toujours été extrêmement riches en sources d’eau sulfureuse. Mais leur exploitation se faisait encore à petite échelle entre 1800 et 1850.

À cette époque, les communes du département ne se montraient pas très actives dans la réalisation de travaux thermaux. Toutefois, ce n’était pas le cas dans les départements voisins des Hautes-Pyrénées et des Basses-Pyrénées, où de nombreuses stations thermales étaient en plein essor. L’administration centrale et locale était en effet toujours prête à soutenir les municipalités dans leurs projets en faisant intervenir des architectes thermaux.

Dans les Pyrénées-Orientales, l’exploitation des sources était en revanche entièrement laissée à l’initiative privée. À ses débuts, elle se composait de bâtiments modestes, souvent sans caractère. Il n’était pas rare que les bains se limitent à des maisons particulières. Mais le succès de ce type de villégiature était encore trop faible pour attirer les investisseurs, ce qui eut un impact sur la fréquentation des sources thermales.

C’est pourquoi des milliers de voyageurs de tous horizons préféraient affluer chaque été dans les Hautes-Pyrénées et les Basses-Pyrénées, où l’architecture était presque un jeu pour de grandes stations telles que Luchon, Cauterets ou Saint-Sauveur. Le développement de ces stations a largement contribué à leur renommée.

Cependant, c’est seulement après 1850 que l’essor des stations thermales a réellement pris forme, lorsque le secteur privé est devenu prépondérant.

Les Pyrénées-Orientales se distinguent toutefois des autres départements par la présence de vallées encaissées (la Têt, la Tech, etc.). D’innombrables stations thermales ont dû s’installer le long de ces gorges étroites selon le même modèle d’organisation.

Ainsi, les quelques bâtiments des thermes abritaient les bains au sous-sol ou au rez-de-chaussée, tandis que les logements se trouvaient à l’étage. C’était le cas à Molitg, Olette, Graus d’Olette, Thuès, Canaveilles, etc. Le caractère des bâtisses étroites et toutes en hauteur du département trouve ainsi son explication.

Aujourd’hui, si les Pyrénées-Orientales jouissent d’une vie thermale riche et propre à ce département, il abrite encore des sources chaudes qui, à ma connaissance, n’ont jamais été exploitées.

Vous pouvez ainsi bénéficier gratuitement des bienfaits des eaux chaudes et sulfureuses dans des bains non couverts. De plus, ces bains sont situés loin de toute forme de pollution, qu’elle soit liée à l’urbanisation, à l’agriculture ou à la gestion des eaux usées.

Carte des sources d'eau chaude dans les Pyrénées-Orientales

Sur cette carte, vous trouverez les thermes situés dans les Pyrénées-Orientales.

Ces thermes bénéficient de l’eau thermale et peuvent accueillir des visiteurs de la manière suivante :

– des spas gratuits, aménagés ou non.
– des spas payants. Quelques-uns de ces spas sont parfois aménagés de façon très sommaire (et donc plus naturelle) et restent accessibles à des prix très abordables.

Les fontaines et lavoirs d’eau chaude y sont également représentés.

Les sources d’eau chaude sont situées dans des sites sauvages qui peuvent présenter des risques liés à une mauvaise accessibilité, surtout dans les Pyrénées-Orientales. La prudence est de mise. L’accès aux sites se fait sous votre responsabilité.

1. Les trois bassins d'eau chaude - Thuès-entre-Valls

Après une brève halte à Font-Romeu, je rejoins Prats-Balaguer en bus, puis je me rends à Thuès-Entre-Valls à pied. J’évite cependant la route en empruntant les « balcons » de la Têt, ce qui s’avère plus prudent, mais nécessite de parcourir beaucoup plus de distance.

Après une rude descente qui débouche sur Thuès-entre-Valls, je dois ensuite franchir la voie ferrée du petit train jaune pour rejoindre le sentier menant aux trois bassins.

Pour les personnes souhaitant venir en voiture, le village dispose d’un parking payant ainsi que d’un parking gratuit (une vingtaine de places). C’est ici que part le chemin menant aux sources. Grâce à un passage à niveau, les piétons peuvent franchir la voie ferrée en toute sécurité, car le troisième rail est électrifié.

Après une marche d’une demi-heure environ le long du chemin Las Ayguès Calentes (qui longe la ligne électrique sur les cartes IGN), les trois bassins finissent par se dévoiler. L’itinéraire exact est indiqué sur Internet.

Les 3 bassins d'eau chaude de Thuès-entre-Valls
Les 3 bassins d'eau chaude de Thuès-entre-Valls

Je découvre alors que l’aménagement de ces trois bassins d’eau chaude est relativement élaboré. J’observe tout d’abord un mur de pierres maçonnées qui les délimite.

Les trois bassins de Thuès

Puis, restant hypnotisé un court instant, je contemple cette eau qui reflète différentes couleurs provenant du fond du bassin, donnant l’illusion d’un carrelage d’exception.

Il s’agit en fait de micro-organismes (cyanobactéries) qui se sont développés sur des pavés en pierre disposés avec soin au fond des bassins. Le sol n’est donc pas tout à fait naturel, mais il est très esthétique. Chaque bassin fonctionne comme une grande baignoire dont l’eau est sans cesse renouvelée.

Ce type de bain n’est pas totalement naturel, car le baigneur n’est pas en contact direct avec le sol. Ces eaux présentent donc des propriétés légèrement différentes de celles qui seraient observées dans leur milieu naturel. Pour en savoir plus sur ce sujet, je vous invite à lire l’article « Le sol, couche de base et milieu vivant d’une source chaude ».

La température du dernier bassin, proche des 40 degrés, est particulièrement agréable. Peu profond, il peut accueillir jusqu’à six personnes. Le deuxième bassin affiche une température de 42 degrés, tandis que le premier, le plus petit, est beaucoup plus chaud.

Bassins d'eau chaude de Thuès en été
Bassins d'eau chaude de Thuès
Bassins de Thuès et vue sur la vallée
Bassins de Thuès et vue dégagée sur la vallée

2. Le canyon d'eaux chaudes - Thuès-les-Bains

Vous découvrirez deux sites distincts dans le canyon : celui de la cascade et celui de la marmite.

La Cascade du canyon

Pour accéder à la cascade, je continue sur le chemin Las Ayguès Calentes. Je reste le plus possible à gauche du sentier pour rejoindre un pont en pierres situé au niveau de la voie ferrée.

À cet endroit, des blocs rocheux disposés sur le torrent de la Fajet permettent de le traverser aisément. Un sentier sur la droite permet d’accéder à la cascade située à proximité.

Cascade du canyon de Thuès
Cascade du canyon de Thuès
Cascade du canyon
La cascade du canyon de Thuès
Cascade du canyon de Thuès

Plusieurs bassins d’eau chaude sont répartis sur le site et sont alimentés par la grande cascade ainsi que par d’autres résurgences d’eau chaude. Malgré le mélange avec des eaux froides, la température de l’eau peut atteindre 44-46 °C par endroits.

Cascade du canyon de Thuès et sa vasque la plus chaude
Le bassin de gauche est le plus chaud du site. Sa température dépasse les 40 °C.

La Marmite du canyon

Pour accéder au site de la Marmite, il faut se rendre dans l’enceinte de l’ancien établissement thermal de Thuès, reconverti aujourd’hui en un établissement médico-social. Attention, cette enceinte est strictement interdite aux voitures (mais pas aux piétons).

Vous pouvez aussi rejoindre l’enceinte en optant pour l’itinéraire alternatif passant par le sentier situé sur la rive gauche de la Têt, depuis le parking de Thuès-Entre-Valls. Vous pouvez également prendre le bus (ligne régionale Lio 560) devant la poste de Thuès-Entre-Valls. Le bus vous déposera à l’arrêt « Nyer-Thermes », c’est-à-dire juste devant l’enceinte, pour 1 euro. Attention, il n’y a pas de possibilité de retour en bus.

Il faut ensuite sortir de l’enceinte pour rejoindre la gare du petit train jaune. Vous atteindrez alors un passage à niveau muni d’un portillon par lequel vous pourrez traverser les rails en toute sécurité (le troisième rail est électrifié). Une fois le portillon passé, vous devez prendre à droite en suivant le sentier tout tracé menant au canyon d’eau chaude. Comptez une dizaine de minutes pour y arriver. Vous verrez des puits de captage d’eau chaude ainsi qu’un tuyau le long du chemin.

Pour enfin accéder au canyon, vous devez désescalader une paroi rocheuse abrupte sur laquelle un arbre a pris racine, située quasiment au bout du sentier. Une source chaude ne choisit pas son point d’émergence en fonction d’une situation géographique avantageuse : elle émerge où elle décide. C’est précisément le cas ici, surtout lorsqu’il s’agit d’un canyon d’eaux chaudes, unique en Europe.

Une fois dans le canyon, mon attention est attirée par une première cascade d’eau chaude, voire brûlante (la température avoisine les 70 degrés), qui se jette dans un petit bassin.

Un petit espace au niveau de la cascade permet à trois personnes de s’y baigner. L’eau y atteint près de 40 °C. Un deuxième espace plus grand, tapissé de graviers, permet à six ou sept personnes de s’immerger complètement. La température de l’eau y est comprise entre 35 et 40 °C.

Canyon de Thuès et sa vasque d'eau chaude sur le site "marmite"
Cascade d'eau chaude proche des 70 degrés

À quelques mètres de là, une deuxième source d’eau chaude souterraine alimente un bassin situé dans un abri sous roche. On l’appelle la « marmite ».

Marmite du canyon de Thuès
Source d'eau chaude alimentant la Marmite située dans l'abri sous roche

Le deuxième bassin est alimenté en eau par la marmite ainsi que par une cascade d’eau tiède (presque froide). Cela permet d’obtenir un bassin nettement moins chaud tout près de la marmite. On passe ainsi de 42 degrés (marmite) à 30-35 degrés (deuxième bassin).

Plusieurs sources alimentent le canyon (il y en aurait une quinzaine), dont la température de l’eau peut varier de 25 à 35 degrés tout au long du parcours.

Marmite du canyon de Thuès, bassin le plus chaud
Marmite d'eau chaude + cascatelle d'eau froide

La marmite, assez profonde, est alimentée par une résurgence d’eau chaude souterraine ainsi que par une cascatelle d’eau froide.

L’eau thermale est donc diluée. Mais sans apport d’eau froide, il serait impossible de s’y baigner, car la température de ce bassin est déjà égale ou supérieure à 42 °C.

Sur le chemin du retour, je retrouve une nouvelle fois l’enceinte de l’ancien établissement thermal de Thuès-les-Bains.

Je passe à côté d’une première fontaine d’eau chaude sulfurée (appelée source Saint-Louis), puis d’une seconde, sans nom, qui borde la route. Ces fontaines étaient sans doute utilisées autrefois pour les cures de boisson. Après en avoir bu une gorgée (précisons qu’elle est brûlante), je préfère éviter d’en boire davantage, car il est difficile de savoir d’où elle est captée.

Fontaine d'eau sulfurée à Thuès-les-Bains
Fontaine d'eau sulfurée à Thuès-les-Bains

Hors de l’enceinte, il n’existe qu’un seul chemin de randonnée pour se rendre ailleurs. Celui-ci permet de regagner Thuès-entre-Valls par la rive gauche de la Têt.

J’en profite donc avant de quitter les lieux pour observer ce bâtiment blanc imposant. Celui-ci abritait autrefois l’ancien établissement thermal ainsi que des hôtels permettant d’héberger les curistes.

Ancien établissement thermal de Thuès-les-Bains
Ancien établissement thermal de Thuès-les-Bains, il est surplombé par la gare du petit train jaune.

L’implantation de la gare du petit train jaune juste au-dessus du bâtiment n’est pas le fruit du hasard.

L’engouement pour les sources d’eau chaude était tel à cette époque que l’arrivée du chemin de fer en 1910 a permis d’augmenter considérablement le nombre de visiteurs.

Thuès était même devenu la « capitale des arthritiques ». En 1833, on dénombrait en effet plus de trente sources thermales à Thuès-les-Bains.

3. Les Bains de Canaveilles - Nyer

Le chemin menant à cette source, appelée « source du Figuier », se situe juste après le tunnel, sur le bas-côté de la RN116, où quelques véhicules peuvent se garer. Celui-ci se trouve pratiquement en face de la route D28 menant à Canaveilles. Il faut compter environ dix minutes de marche pour atteindre la rivière de la Têt.

Les Bains de Canaveilles sont, eux, situés de l’autre côté de la rivière. Ils se trouvent donc dans la commune de Nyer.

La source jaillit sur la rive droite de la Têt, à environ 60 mètres de la sortie du défilé des Graus. L’eau de la source thermale se déverse dans des bassins aménagés tout autour desquels sont disposées des pierres et des galets.

Les Bains de Canaveilles
Les bains de Canaveilles aménagés dans le lit de la rivière de la Têt

Une fois la rivière traversée, j’ai pu constater que les eaux froides pouvaient s’infiltrer dans les bassins et se mêler à l’eau chaude, évitant ainsi les brûlures.

Cependant, l’aménagement sommaire des bassins empêche toute infiltration d’eau fraîche lorsque le niveau de la Têt est bas. Toutefois, l’eau pourrait alors être trop chaude.

Les bains de Canaveilles et ses bassins
Du bassin le plus chaud au moins chaud
Bains de Canaveilles et son émergence
L'eau surgit de la source située sur la rive droite de la Têt.

Tout comme le canyon, les eaux de cette source thermale ne peuvent pas s’écouler sur une zone de terre ferme plus étendue et se refroidir naturellement. Elles sont rapidement diluées par les eaux environnantes (canyon, rivière, etc.).

Il faut donc tenir compte de l’incidence d’une telle dilution sur les propriétés physico-chimiques des eaux thermales lorsqu’elles sont employées sous forme de bains.

En remontant la rivière sur environ 500 mètres, on trouve un ancien établissement thermal et hôtel nommé « Relais de l’Infante », aujourd’hui en ruines. Niché dans le défilé très encaissé des Graus, cet endroit est désormais interdit d’accès par arrêté municipal.

Dans le secteur, plusieurs sources (six résurgences) jaillissent sur la rive gauche de la Têt, dont certaines directement dans le lit de la rivière.

Ce lieu témoigne parfaitement de l’importance que revêtait l’eau thermale autrefois. Les stations thermales devaient s’adapter au terrain tel qu’il existe autour de la source. Néanmoins, les eaux étaient quand même transportées via des tuyaux avant d’être utilisées.

Les stations thermales les plus mal loties étaient celles qui se développaient dans les vallons étroits. On en trouve pléthore dans les Pyrénées.

La gorge est ici particulièrement resserrée. On distingue à peine la rivière la Têt qui coule à côté du bâtiment désaffecté. Ce site a été détruit par une inondation en 1876, en raison de sa proximité avec la rivière. Il y avait un bâtiment dont l’emplacement, exposé aux crues, a causé de nombreuses difficultés et provoqué sa fermeture.

Relais de l'Infante dévasté
Relais de l'Infante dévasté
Relais de l'infante dans le défilé du Graus
Ancien établissement thermal implanté dans le défilé du Graus à côté de la rivière de la Têt

Lorsque des eaux thermales jaillissent dans le lit d’une rivière, les Romains savaient déjà que le mélange diluerait leurs vertus invisibles. Ce fut d’ailleurs le cas à Plombières-les-Bains, où ils détournèrent le cours d’eau du point d’émergence de la source, creusèrent le fond de la vallée et réalisèrent des travaux colossaux avant d’édifier leurs bâtiments.

Personnellement, j’apprécie de bénéficier pleinement des vertus thérapeutiques d’une source thermale lors d’un bain. Ici, le mélange avec des eaux non thermales fait que la température n’est pas parfaitement homogène dans le bassin. L’eau chaude, plus légère que l’eau froide, reste en surface, ce qui peut parfois s’avérer inconfortable. L’eau froide, plus lourde, reste au fond et incite à bouger pour brasser l’eau.

Les Bains de Canaveilles sont également un site qui exige la traversée d’une rivière, tâche qui peut être délicate lorsque le niveau de l’eau est élevé.

Aussi, le cours d’eau de la Têt est plus étroit au niveau du relais de l’Infante et les résurgences d’eau chaude se mélangent davantage aux eaux froides.

Si vous recherchez le calme et la solitude, ce site saura vous satisfaire. Il faut toutefois éviter de s’y rendre après un orage ou à la suite de pluies importantes.

4. Les sources d'eau chaude de Prats-Balaguer

Cette source d’eau chaude est la plus spectaculaire de toutes et son accès ne présente aucun danger. Il faut toutefois compter une vingtaine de minutes de marche depuis le départ du sentier. 

Comptez également une trentaine de minutes, voire plus, de marche depuis le lieu de stationnement pour rejoindre le point de départ.

Depuis le village de Fontpédrouse, suivez la D28 à pied en direction du hameau de Prats-Balaguer jusqu’à un virage (départ du sentier menant à la source).

C’est l’une des rares sources chaudes en France où il est possible de profiter d’un véritable bain naturel. Elle ne présente pas les inconvénients des autres sources chaudes. L’eau thermale n’est pas diluée par des eaux de surface ; elle s’écoule sur un terrain naturel, se refroidit naturellement, ne stagne pas, etc.

Bassins à étages - Température du dernier bassin : 25 degrés

L’eau thermale, dont la température avoisine les 69 degrés lorsqu’elle jaillit, s’écoule dans une série de bassins dans lesquels il est possible de se détendre tout en profitant de ses nombreuses vertus.

Pour en savoir plus sur cette source d’eau chaude, je vous invite à lire l’article « Les sources d’eau chaude de Prats-Balaguer | Bains Naturels ».

5. Les Bains de Dorres

Dès mon arrivée, mon enthousiasme est à son comble. Je me promène, je contemple le paysage, je tourne autour des bassins, tout en ayant hâte de profiter d’un moment de détente. Il est vrai que les bains sont situés à merveille, à 1 500 mètres d’altitude, dans un espace verdoyant, où tout semble parfait pour une pause ressourçante.

Le site n’est pas sévère en lui-même puisqu’il reçoit une bonne dose de lumière qui forge le caractère et les propriétés de ces eaux sulfureuses.

Les Bains de Dorres ont été intégrés à un vaste espace engazonné offrant une vue imprenable sur la montagne. Des piscines en pierre, inspirées des piscines romaines, reçoivent l’eau chaude et peuvent accueillir plusieurs baigneurs simultanément.

Bains de Dorres - Bassin à 38 degrés
Bassin à 38 degrés
Bains de Dorres - Bassin à 40-42 degrés
Bassin à 40-42 degrés situé à proximité du griffon

Les Bains de Dorres constituent une véritable maison de santé, isolée de toute habitation. Ainsi, bon nombre de baigneurs peuvent se réjouir de la préservation de cet endroit qui, avant 1991, était connu pour ses bains sauvages. Le site, qui appartient à la commune, a été aménagé à proximité du griffon, qui se trouve dans un petit puisard artésien des plus modestes.

L’installation des bains est plutôt simpliste : il n’y a pas de réservoir (ce qui aurait une incidence sur la qualité de l’eau) et celle-ci ne reçoit aucun traitement chimique. L’eau jaillit à une température de 42 degrés depuis la source et fournit une température idéale dans chaque bassin, sans qu’il soit nécessaire d’avoir recours à un traitement physique, comme un échangeur thermique ou un refroidisseur. L’eau conserve donc, dans une certaine mesure, ses propriétés.

Les bassins sont faits de pierres naturelles en granit, non émaillées. L’aspect rugueux du matériau est certes moins facile à rincer qu’une surface lisse, mais il confère à ce lieu un cachet plus naturel.

Bains de Dorres - Bassin à 39 degrés
Bassin à 39 degrés

Deux baignoires individuelles adossées à un mur permettent également de profiter d’une eau thermale dans une ambiance particulière.

Chaque bassin et baignoire est alimenté indépendamment par cette même source sulfureuse et l’eau y est continuellement renouvelée. Les bains se prennent donc en « eau courante ». Pour en savoir plus sur cette pratique thermale désormais tombée en désuétude, nous vous invitons à lire l’article « Visiter Saint-Nectaire – Les sources et les grottes ».

Le tarif à la journée est de 6 euros par adulte. Vous trouverez également une buvette à l’accueil qui propose des boissons et des glaces à des prix raisonnables.

6. Le lavoir d'eau chaude de Reynes

L’eau de cette source jaillit naturellement du rocher qui fait partie intégrante du lavoir. Autant dire que le bain est pris au plus proche de la source.

Le trop-plein du lavoir se déverse par une rigole d’évacuation dans un ruisseau dont le nom est à coucher dehors : Correc de Can Guillet.

Source de Reynès visible de la route
Source de Reynès visible de la route

À chaque instant, une grande quantité d’eau s’échappe du lavoir, témoignant ainsi de l’importance du débit. C’est dans ces eaux aux multiples vertus que les lavandières venaient autrefois rincer leur linge.

Un vieil homme qui s’y trouvait ce jour-là pour nettoyer son linge m’en a relaté les bienfaits.
Cette source, qu’il fréquente assidûment depuis plus de six décennies, a toujours conservé une température constante. Selon lui, elle serait très efficace pour soulager les rhumatismes, les problèmes de peau et favoriserait une cicatrisation rapide des plaies.

Ce lavoir sert désormais de lieu de baignade. Avec une température de 28 degrés, cette source est agréable en cas de grosse chaleur.

Source de Reynes

7. La source du Monjolet - Amélie-les-Bains

Une eau en boisson ? La source du Monjolet la fournit même si elle est principalement destinée au traitement des lésions cutanées. Utilisée en application extérieure, elle aurait ainsi de merveilleux effets sur certaines maladies de peau telles que l’eczéma, le psoriasis ou l’acné.

Elle sourd à une une centaine de mètres des thermes, dans la forêt, en arrière du village d’Amélie-les-Bains. Découverte en 1756, elle aurait pu s’éteindre rapidement en raison de son faible débit (2 litres par minute). Plus de deux siècles après sa découverte, la source coule toujours.

Sa forte odeur sulfurée a probablement contribué à en faire une attraction à mettre à l’honneur. Il était donc nécessaire de lui construire un abri. Son odeur de soufre est très marquée et, selon un habitant du coin, elle serait « la meilleure du village ». Pour ma part, je n’avais encore jamais ressenti une odeur d’une telle intensité dans les Pyrénées.

Lorsque j’arrive sur place, je découvre d’abord l’abri, puis la fontaine. L’eau y est recueillie dans une auge rectangulaire peu profonde. L’eau y coule toujours faiblement et sa température était de 36 degrés lors de ma visite. La présence importante de glairine, une substance blanchâtre, dans l’eau attire également mon attention.

Cette fontaine est agrémentée d’une niche protégée par des barreaux, qui ressemble étrangement à un oratoire. À cette époque (XVIII^e siècle), les pèlerinages auprès des fontaines étaient très populaires.

Nature des eaux

La température élevée de l’eau et son efficacité remarquable lors d’un bain en font déjà un remède utile, quelle que soit sa composition minérale. Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article : Les énormes bienfaits du bain chaud.

Toutes ces eaux naturelles sont de nature sulfurée sodique. Il est probable que vous ressentiez une légère odeur d’œuf pourri lorsque vous vous approcherez de la source. Mais rassurez-vous, c’est ce gaz (sulfure d’hydrogène) qui confère à l’eau ses propriétés particulières. Reconnues pour leurs propriétés curatives, les eaux sulfureuses sont indiquées dans le traitement des rhumatismes, des maladies de peau, des maladies respiratoires, des affections intestinales, etc. Pour en savoir plus sur ce gaz aux pouvoirs curatifs, je vous invite à lire l’article « Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles ».

Elles contiennent également du soufre sous forme de sulfate en petite quantité (souvent inférieure à 50 mg/l).

Elles sont toutefois peu minéralisées, ce qui contraste avec les idées reçues. Elles contiennent des ions sodium (sodique) prédominants et présents en quantité notable (autour de 50 mg/l). Par ailleurs, elles sont dépourvues d’éléments chimiques tels que le calcium, le magnésium et le potassium, avec des concentrations souvent inférieures à 10 mg/l. L’alcalinité reste néanmoins la qualité dominante de ces eaux (pH compris entre 8,5 et 9).

Elles contiennent du fluor sous forme ionique en quantité notable (5 à 8 mg/l). C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques du massif des Pyrénées, où de nombreuses sources sont naturellement enrichies en fluor. Le fluor a toutefois mauvaise presse auprès d’une partie de la population, alors qu’il est plutôt bien vu par l’autre. En réalité, sa toxicité ou son bénéfice potentiel varient en fonction du contexte.

On retrouve également cette caractéristique dans les sources thermales du massif du Mercantour-Argentera en Italie, notamment dans celle de Bagni di Vinadio où la concentration en fluor atteint près de 5 mg/l. Pour en savoir plus sur cette source d’eau chaude, je vous invite à lire l’article « Les sources d’eau chaude naturelles de Bagni di Vinadio ».

Ces sources pyrénéennes contiennent des oligo-éléments (en μg/l) intéressants tels que le bore, le baryum, le lithium, le zinc, la silice et le strontium.

Enfin, quelle qu’en soit la température, on peut observer dans ces eaux une substance mucilagineuse de couleur blanchâtre. Cette substance filamenteuse, appelée glairine, est produite par des bactéries et semble posséder de nombreuses propriétés : antibiotiques, anti-inflammatoires, antiallergiques et cicatrisantes.

Bains de Canaveilles et barégine
Glairine dans les Bains de Canaveilles
Glairine dans le canyon de Thuès
Glairine dans le canyon de Thuès (site de la cascade)

Dans les Pyrénées, cette substance azotée est également appelée « barégine » (en référence à la station thermale de Barèges) et confère toute son onctuosité à ces eaux sulfureuses naturelles.

Elle se dépose au fond des bassins sous forme de gelée incolore. Le baigneur attentif pourra constater une certaine ressemblance entre cette masse limpide et le corps vitré de l’œil.

Sans ces filaments blancs, il serait presque impossible de repérer certaines sources chaudes sulfureuses qui émergent par endroits dans le lit de la rivière. La nature nous envoie un message clair : « Je suis là ! »

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Fabrice, enchanté !

Bienvenue sur mon blog dédié au voyage et à la santé ! Amateur de bains chauds, je partage avec vous mes découvertes, mes coups de cœur et mes conseils pour vous permettre de profiter des joies des sources chaudes et des choses les plus simples qui font vraiment du bien au corps et à l’esprit !

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