Le Trou de Madame à Préchacq-les-Bains, Landes
- Par Nature Source Chaude
- Publié le
- Mis à jour le 14 mai 2025
Une source chaude, située près des bords de l’Adour, jaillit au cœur de la prairie du Sesca, à environ un kilomètre des thermes de Préchacq-les-Bains, dans le département des Landes.
Isolée de toute habitation, cette source, dénommée « Le Trou de Madame », est un lieu de promenade idéal pour les amateurs de bains chauds comme pour les curieux qui souhaitent découvrir ce site. Elle m’a d’ailleurs immédiatement plu pour ses qualités.
Un lieu convivial et accessible
Comment se rendre à la source ?
Le point de départ du Trou de Madame se trouve près du parking du Clos Pité (avenue des Sources), en face de l’hôtel-restaurant du même nom. Suivez une route forestière assez large sur environ 1 200 mètres, puis un sentier sur environ 150 mètres.
Le site est accessible gratuitement.
Propriétaire de la source : les thermes de Préchacq-les-Bains depuis 1998.
Au début de l’itinéraire, qui s’effectue essentiellement sur une large piste forestière, on trouve une table de pique-nique ainsi qu’un premier panneau indicatif. Vous pourrez y admirer une belle peupleraie. Vous y verrez de beaux peupliers élancés et de grands chênes. Cette forêt est agréable, mais pas très étendue.
Vous reconnaîtrez bientôt un chemin humide et boueux (un panneau pédagogique du site l’indique) que vous devrez emprunter. Ajoutez à cela une odeur d’œuf pourri (liée à la présence d’hydrogène sulfuré) de plus en plus forte à mesure que vous évoluerez dans le secteur. Celle-ci s’échappe d’un ruisselet qui annonce la proximité du site thermal. Cette situation produit un effet très pittoresque.
En poursuivant votre chemin, vous découvrirez un endroit plus dégagé avec un petit pont en bois. Après avoir enjambé ce pont au milieu de la prairie, les visiteurs peuvent découvrir de plus près le site du Trou de Madame.
Ainsi, ce site porte probablement le nom le plus approprié. Autrefois, il s’agissait d’un simple trou d’eau thermale mêlé de boues. Celui-ci était principalement fréquenté par les femmes.
Aujourd’hui, le site est défiguré par la présence de vestiges. Toutefois, il n’y a (presque) rien à reprocher à cette source d’une puissance remarquable qui permet de soulager de nombreux maux. Il faut vraiment se baigner pour l’apprécier dans son ensemble.
Comme ces eaux sont tièdes et perdent leur vertu lorsqu’elles sont transportées, il faut nécessairement se baigner à l’endroit même où elles coulent.
Un peu d'histoire
À l’origine, ces eaux s’écoulaient dans un simple trou, mêlées à des boues sulfurées, et on les fréquentait telles quelles jusqu’à la fin du XIX^e siècle (voir la photo datant de 1892).
Mais au XIX^e siècle, la plupart des sources en France furent captées et abritées sous un bâtiment, l’activité thermale étant lucrative. Le captage était un préalable quasi obligatoire pour garantir la pureté de l’eau et obtenir une autorisation d’exploitation des eaux auprès de l’administration. Au début du XX^e siècle, la famille Castaingts a commencé à exploiter cette ressource locale dans une première bâtisse où l’on proposait des soins de plus en plus élaborés au fil du temps. Parallèlement, apparaissent les soins organisés. Mais l’activité a périclité à la Première Guerre mondiale.
En France, la Première Guerre mondiale et l’essor des grands centres thermaux confortables portent un coup terrible aux modestes exploitations (dont celle du site du Trou de Madame). À cette époque, la concurrence entre les grandes stations thermales est également extrêmement vive.
Dans les années 1920 (en juin 1921), la source change de main. Le nouvel exploitant, Paul Dumartin (locataire succédant à M. Madray), doit redresser l’affaire. Celui-ci décide de créer un petit établissement thermal, estimant que l’hébergement de malades pourrait également générer des bénéfices plus importants.
En 1922, la source a été déplacée de quelques mètres afin de faciliter l’aménagement des installations thermales sur le terrain actuel et la construction d’un hôtel.
Les vestiges entourant le bassin maçonné de 6 à 9 m² de section, recueillant l’eau de la source, attestent de l’existence d’un bâtiment abritant les activités du bain. On y trouvait un vestiaire, une baignoire et des douches. On y trouve encore des pieux en bois enfoncés dans le sol et reliés par des planches.
Compte tenu de la température de la source (30 degrés lors de ma visite), il était nécessaire de réchauffer artificiellement l’eau afin qu’elle ne devienne pas trop vite inconfortable lorsqu’elle était utilisée dans une baignoire. Une chaudière et une pompe à eau étaient installées dans un local à côté du bassin.
Des forages effectués sur la rive opposée de l’Adour dans les années 1930 ont eu une incidence non négligeable sur la température native de la source. À cette époque, elle était de 38 degrés. Mais le réchauffement artificiel de l’eau (un procédé désormais largement généralisé pour les eaux thermales) a permis de pallier ce manque de chaleur pour les installations thermales.
La source est alors devenue la ressource habituelle d’un hôtel de deux étages (15 chambres, une cuisine, un réfectoire, etc.) bâti juste à côté.
Son exploitation prit fin en 1964, puis la commune racheta le site. En raison de la proximité de la source avec la rivière, celle-ci était régulièrement noyée par les eaux de l’Adour, qui allaient jusqu’à saper les aménagements lors des très fortes crues. Le site a été démoli dans les années 1970.
Un milieu naturel et vivant
Le site du Trou de Madame ne se trouve pas dans la partie la plus sombre de la forêt. Néanmoins, ce lieu a gardé quelque chose de sauvage avec une multitude d’arbres qui bordent la source.
Vous pouvez alors prendre le temps d’observer (et d’écouter) la nature environnante ou encore vous émerveiller devant l’eau thermale qui surgit en bouillonnant d’un tubage vertical. Ce dernier est issu d’un forage effectué en 1933 à une profondeur de 10 mètres, et faisant suite aux forages effectués sur l’autre rive de l’Adour.
Le dégagement de gaz carbonique est impressionnant et offre un spectacle visuel et sonore. De plus, il est bénéfique dans l’eau lors d’un bain. Pour en savoir davantage, je vous invite à consulter l’article « Les énormes bienfaits du bain chaud ».
Lorsqu’une source chaude jaillit en surface, elle donne généralement naissance à un ruisseau ou à un pré salé (à défaut d’être exploitée), où des micro-organismes peuvent alors se développer librement.
Les eaux de la source du Trou de Madame sont quant à elles dirigées vers l’Adour par une longue rigole creusée par l’homme.
Cette rigole abrite plusieurs dizaines d’espèces d’algues microscopiques, dont la plupart sont spécifiques à ce micro-biotope riche en sels minéraux et en sulfures.
Vous pourrez notamment observer des amas d’une matière floconneuse et blanchâtre, qui indiquent la présence d’une algue spécifique, la « sulfuraire » ou la « glairine », qui vit dans des eaux sulfureuses.
Des boues sulfurées uniques
On dénote également la présence de boues sulfurées d’une qualité exceptionnelle et riches en métabolites, issus d’une longue maturation, dans les rigoles entourant le site, où le terrain a conservé son aspect originel.
Ces boues thermales sont le résultat de la présence de micro-organismes profitant d’un sol argileux formé par l’Adour et d’une eau thermale sulfureuse. Mais lorsque la source n’était qu’un simple trou d’eau mêlé de boues (photo de 1892), elle produisait des boues thermales de bien meilleure qualité.
Les thermes de Préchacq-les-Bains cultivent également leurs propres boues (boues sulfatées) qu’il est possible d’observer dans le parc thermal lors d’une visite.
Nature de l'eau et vertus thérapeutiques
On recense cinq sources dans le parc des Thermes, offrant des eaux sulfatées calciques chaudes à des températures comprises entre 46 et 60 °C, ainsi qu’une eau sulfureuse calcique froide à 18 °C.
Celle du Trou de Madame, également appelée source Dumartin ou source Sesca, est un peu à l’écart des autres sources. Elle se démarque également par sa nature chloro-sulfurée sodique à 30 degrés et une minéralisation de 2 100 mg/l.
Il s’agit donc de la seule source de Préchacq-les-Bains qui est à la fois sulfureuse et suffisamment chaude pour permettre des bains naturels. Il ne lui manque vraiment que quelques degrés de chaleur supplémentaires pour attirer davantage de visiteurs.
Enfin, la proportion de matières sulfureuses dissoutes est très élevée (plus que dans les sources que j’ai pu fréquenter dans les Pyrénées). D’ailleurs, le parfum d’œuf pourri (H₂S) qui s’en dégage est tenace.
Elle jouit donc d’une réelle efficacité (qui est toutefois moindre comparée à son efficacité d’origine) contre les rhumatismes ou encore dans le traitement des maladies de peau (eczéma, psoriasis, etc.).
Le sulfure d’hydrogène a également un effet puissant dans le traitement des maladies des voies respiratoires. Pour en savoir davantage, je vous invite à lire l’article « Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles ».