Visiter Rennes-les-Bains | Sources chaudes et fontaines curatives
- Par Nature Source Chaude
- Publié le
- Mis à jour le 16 mai 2025
L’histoire de Rennes-les-Bains, seule station thermale encore en activité dans l’Aude, est très ancienne puisque les Romains connaissaient déjà les bienfaits de ses eaux.
De vieilles canalisations et un réseau d’acheminement de l’eau très développé ont été mis à jour, sans oublier les vestiges et les objets découverts. Il y a 2 000 ans ou plus, on vivait et on déambulait à Rennes-les-Bains (anciennement appelée Rhedae). Le lieu était déjà consacré aux soins du corps et au repos de l’esprit.
Au milieu du XIX^e siècle, il en fut de même avec un thermalisme français qui demeura très prospère. Pendant cette période, la station a connu une forte fréquentation (5 000 curistes par an), qui a depuis baissé (1 000 curistes par an).
Les sources utilisées par la station ont d’ailleurs fait l’objet d’une sérieuse exploitation, avec une attention particulière portée au captage et à l’aménagement. Peu à peu, les sources anciennes ont été remplacées par les sources actuelles, avec parfois quelques modifications dans la qualité intrinsèque des eaux.
L’une d’elles, la source Bains Doux, n’est toutefois plus exploitée. Elle a laissé place à des bains gratuits, accessibles toute l’année.
Vous découvrirez également que le village abrite des sources minérales froides dont les buveurs se délectaient autrefois.
AU SOMMAIRE :
Carte des sources chaudes et fontaines de Rennes-les-Bains et aux alentours
🗺️ À proximité des thermes de Rennes-les-Bains,
découvrez sur la carte :
– la source des Eaux Chaudes d’Alet-les-Bains (ex-station thermale).
– la source de la Fontaine à Campagne-les-Bains (ex-station thermale).
Les Bains Forts
La source des Bains Forts est la plus chaude de la station (parmi les cinq sources thermales), avec une température variant de 41 à 47 degrés au point d’émergence.
Elle n’est exploitée qu’en période de cure thermale. La source, captée dans le sous-sol d’un hôtel (ancien établissement thermal) aux murs rose, couvre à la fois les besoins de l’établissement thermal et de la piscine thermale, tous deux situés à moins de 200 mètres.
Toutefois, son eau n’est pas utilisée directement, mais sert plutôt à réchauffer les autres sources thermales tièdes par géothermie.
Mais lorsque la ville reste endormie jusqu’en avril (comme c’est le cas pour la plupart des villes thermales), ces eaux finissent dans la rivière.
Un escalier situé à l’arrière de l’hôtel (l’Hostellerie) mène, par une petite galerie, jusqu’au pied de l’établissement. Vous y trouverez l’ancien lavoir du village, alimenté par les eaux thermales qui se perdent ensuite dans la rivière. Toutefois, ce site, qui était un bain public l’hiver, a été transformé plusieurs fois ces dernières années dans le but de décourager les baigneurs de s’y rendre.
À présent, les eaux thermales semblent se déverser directement dans la rivière par une ouverture située sous la dalle en pierre.
J’avais l’intention d’observer ce lavoir de plus près, mais un portillon en fer fermé à clé bloque l’accès. Peut-être n’est-il accessible qu’en hiver.
Les Bains Doux
La vie est douce et simple à Rennes-les-Bains. Elle semble appropriée aux tendances de ses habitants. Le lieu est paisible et les environs proposent de nombreuses balades au cœur d’une nature verdoyante.
À l’entrée du village, le parc thermal « Jardins de la Reine » est également un endroit idéal pour flâner ou se détendre. À l’extrémité du parc, au bout du sentier, se trouvent quelques tables de pique-nique et un bassin d’eau chaude dont on peut apercevoir l’aménagement. Celui-ci se trouve toutefois de l’autre côté de la rivière.
Pour accéder au bassin d’eau chaude, vous devez donc vous rendre devant l’établissement thermal. Vous y verrez une piscine thermale non accessible située sur votre droite, en contrebas. Il n’y a ensuite plus qu’à suivre le sentier qui traverse le parc Les Jardins de la Reine pour atteindre les bains naturels. Comptez 5 minutes de marche pour vous y rendre ; l’approche est tout à fait grandiose.
Des bains naturels
En avançant vers la rivière, j’observe de nombreux salmonidés de petite taille évoluer dans l’eau. Ces poissons d’eau douce ne semblent pas être dérangés par l’eau salée de la rivière, d’où son nom : la Sals.
La vie y est également très active dans l’eau, à une autre échelle : celle de la vie microbienne. Des microbes capturent des sels minéraux nécessaires à leurs cellules en grignotant la roche. Mais comme la roche évolue lentement, les rochers qui me permettent de traverser à gué le cours d’eau ne disparaîtront pas de sitôt.
Ces sels minéraux sont essentiels à la vie des microbes, mais aussi à celle des êtres humains et des microbes qui peuplent leur organisme, c’est-à-dire leur microbiote.
Notons également que la dissolution de la roche en sels minéraux est encore plus intense lorsque l’eau est chaude.
Autrefois, on croyait que l’association de l’eau et de la chaleur suffisait à accélérer les réactions chimiques et à dissoudre les roches plus rapidement. Mais on sait aujourd’hui que ce sont surtout les microbes, grâce à la chaleur tirée de l’eau, qui accélèrent leurs réactions cellulaires et donc leur action sur les roches !
Avant de parvenir à la lumière du jour, les eaux de la source Bains Doux ont donc rencontré, au cours de leur voyage souterrain, une kyrielle de micro-organismes que l’on pourrait qualifier de « mineurs de pierre » (bien qu’ils remplissent de nombreuses autres fonctions).
Lorsque les eaux se retrouvent ensuite dans le bassin aménagé, d’autres micro-organismes, adaptés aux conditions du milieu, peuvent à leur tour se développer.
Il y a d’ailleurs une très grande quantité de plancton thermal (bactéries, algues, etc.) tapissant le fond rocheux du bassin sur toute sa longueur, ce qui le rend très glissant. La lumière arrive en abondance sur les lieux, ce qui favorise le développement des bactéries photosynthétiques.
Ce plancton thermal est important puisqu’il permet d’enrichir la composition de l’eau en molécules actives ; celles-ci ont alors la capacité de traverser la barrière cutanée et d’agir sur les tissus malades.
Les dépôts orangés que l’eau abandonne autour du bassin sont en réalité des complexes d’oxydes plus ou moins durcis, constitués de fer. Des bactéries chimiolithotrophes utilisent ce fer, présent dans l’eau, pour produire l’énergie dont elles ont besoin pour survivre. Ce processus conduit à la formation de formes plus oxydées de cet élément. Ces taches orangées abritent par ailleurs une grande diversité microbienne.
Enfin, lorsque cette belle chute d’eau thermale, sortant d’une étrange cavité, se déverse directement sur la tête du baigneur, celui-ci reçoit une véritable douche thérapeutique.
Outre les raisons d’ordre hygiénique, cette pratique permet également de soigner les maladies localisées à la tête et d’accélérer la cicatrisation des lésions cutanées. La douche thermale, qui a l’avantage d’avoir un effet mécanique sur la peau, vient compléter le bain. Une fois debout, ce jet d’eau (qui bénéficie d’une pression naturelle et qui n’altère pas l’eau) vous renverse littéralement. Vous pouvez vous cramponner au mur ou à une barre métallique bien utile pour ne pas glisser.
Ces eaux, chargées des propriétés des couches géologiques qu’elles ont traversées, sont peu minéralisées, sulfatées calciques et chlorurées mixtes, magnésiennes, ferrugineuses (en raison de traces de fer) et radioactives, chaudes.
Les affections pour lesquelles ces eaux sont bénéfiques sont nombreuses : rhumatismes chroniques, goutte, traumatismes, troubles nerveux, etc. D’ailleurs, le simple fait de se baigner et de profiter d’une eau à bonne température procure déjà de nombreux bienfaits à l’organisme. Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article « Les énormes bienfaits du bain chaud ».
Les Anciens Thermes
La source Bains Doux est captée dans un bassin (non accessible) de 1 m² et de 1,5 m de profondeur, sur le site même de l’ancien établissement thermal, implanté en 1819 et agrandi en 1854.
À présent, son eau est acheminée par gravité dans un canal maçonné qui passe sous la route jusqu’au bassin d’accès libre. Son débit, qui varie tout au long de l’année, indique un mélange avec des eaux froides. Lors de la période d’étiage, ces eaux gagnent ainsi en température pour atteindre 33-34 degrés mi-juin.
Une source chaude doit normalement maintenir une température et un débit constants quelle que soit la saison.
À l’origine, la source Bains Doux se présentait sous la forme d’un simple écoulement d’eau chaude à la surface du sol, comme toute source chaude primitive.
Au fil des siècles, de simples travaux d’aménagement (comme le creusement du rocher) ou l’implantation même de l’édifice (au XIX^e siècle) ont pu avoir une incidence sur le débit, la température et la qualité des eaux. Dès le XVIII^e siècle déjà, ces eaux étaient utilisées dans une baignoire collective.
Lorsque vous arrivez aux Anciens Thermes, vous devez d’abord descendre une série d’escaliers. Plusieurs portes d’entrée cintrées et assez petites sont disposées le long de la façade principale.
Autrefois, ces portes invitaient les baigneurs à pénétrer dans de petites chambres où ils pouvaient prendre un bain. On y trouve deux baignoires par chambre (parfois une seule), appliquées contre le mur, plus ou moins encaissées dans le sol et parfois en contact par leurs extrémités.
Des canalisations portaient l’eau chaude jusqu’à chaque baignoire, chacune étant recouverte d’une peinture.
Elles semblent être faites de plomb, un métal largement utilisé au XIX^e siècle pour la fabrication de canalisations d’eau, ainsi que de peintures. Même les Romains, avec leurs techniques ingénieuses, utilisaient déjà du plomb pour leurs captages d’eau destinés à la consommation (et pour leurs thermes). Pourtant, les effets toxiques du plomb étaient connus depuis l’Antiquité et sont toujours d’actualité. Dans une canalisation en plomb, l’eau se charge de ce métal. Cette charge augmente d’autant plus que l’eau est chaude et reste en contact avec le plomb.
Ces baignoires, de dimensions réduites, devaient être vidangées entièrement avant d’être remplies à nouveau. En raison de l’étroitesse de plusieurs d’entre elles, les utilisateurs y restaient presque immobiles et en ressortaient vraisemblablement plus fatigués qu’en y entrant, en raison de la contrainte liée à la posture.
Les baigneurs n’avaient pour source de lumière que celle qui arrivait par la porte d’entrée. La vapeur d’eau obscurcissait encore plus la chambre et ruisselait le long des murs.
La Fontaine des Amours
La fontaine des Amours se trouve à la sortie de la ville, sur la route menant à Sougraigne. Un sentier qui borde la route et part sur la droite à un point précis permet d’y accéder. Vous pourrez alors facilement atteindre la fontaine à pied.
Sur place, les eaux tourbillonnantes de la rivière Sals se jettent dans une grande vasque taillée dans une roche imperméable. Celle-ci est suffisamment profonde pour que vous puissiez profiter de bains revitalisants ou pour nager. On y trouve également une petite vasque en forme de cœur.
Au gré des sons de la nature et des insectes que vous pouvez observer autour des espaces aquatiques, vous aurez l’impression d’être plongés dans un conte de fées.
Le lieu est entouré d’une végétation apaisante qui apporte de l’ombre et de la fraîcheur.
J’ai trouvé le cadre vraiment séduisant, offrant un espace de baignade préservé des ardeurs du soleil. En juin, la température de l’eau était de 19 degrés.
Rappelons également que cette rivière est salée. Elle prend sa source au sommet d’une petite vallée située à 7 km au sud-est de Rennes-les-Bains. Elle contient alors jusqu’à 60 grammes de chlorure de sodium par litre, un taux considérable qui fait d’elle un cours d’eau aux propriétés intéressantes. Ce taux est deux fois plus élevé que celui de la mer Méditerranée.
Durant son parcours d’une vingtaine de kilomètres, la source de la Sals grossit grâce aux apports d’eau douce provenant des vallons environnants.
Sa concentration en sels minéraux diminue donc progressivement. À la fontaine des Amours, la salinité de l’eau reste élevée avec une concentration de 10 à 20 grammes (ou plus) de chlorure de sodium par litre.
Les personnes qui viennent s’y baigner peuvent ainsi profiter d’une eau froide et riche en minéraux.
Ces sels complexes ont une action tonique générale et accélèrent les processus physiologiques au niveau local. Le sodium est également l’un des principaux acteurs des échanges cellulaires au niveau atomique.
Ces eaux peuvent donc contribuer à soulager les rhumatismes, les affections musculaires et articulaires, ainsi que les douleurs nerveuses, entre autres. D’ailleurs, on retrouve presque toujours du chlorure de sodium dans une source chaude, comme c’est le cas pour la source Bains Doux.
La source de la Madeleine
La source de la Madeleine se trouve à la sortie de la ville. Tout de suite après avoir traversé le pont en direction de Sougraigne, vous devez emprunter un sentier sur la droite qui vous mènera aux sources en une vingtaine de minutes.
Vous trouverez un parking ainsi qu’un chemin menant au camping La Bernède de l’autre côté de la route, quasiment en face du départ de cette courte randonnée.
Un gué empierré permet de traverser sans difficulté la Sals. Le sentier, parsemé de fougères, est facilement praticable jusqu’aux sources. Celui-ci longe la Blanque, un torrent d’eau douce.
En arrivant à destination, vous apercevrez une première source sulfureuse, à quelques mètres du sentier, depuis laquelle l’eau suinte sur un rocher.
Une autre source, dont l’eau est ferrugineuse, suinte à quelques mètres de la première, au pied d’un autre rocher qui retient davantage l’attention.
Les suintements de fer colorent l’endroit et apportent indéniablement une petite touche esthétique qui tranche avec la première source.
Cette source, qui porte le nom de source de la Madeleine, avait autrefois un débit plus abondant pour la plus grande satisfaction des visiteurs.
La source de la Madeleine était un lieu de fréquentation agréable, au milieu des bois, offrant un endroit idéal pour se reposer, comme en témoignent les vestiges encore visibles aujourd’hui.
Des bancs en pierre permettent aux visiteurs de se reposer. Des inscriptions datant du XIX^e siècle, gravées sur le rocher, ont laissé quelques souvenirs impérissables.
Les habitants des environs l’utilisaient comme buvette car cette eau était réputée pour ses vertus thérapeutiques. Aujourd’hui, elle n’est guère abondante (mais coule toujours) et n’est plus entretenue.
La source du Cercle
L’accès à la source du Cercle se fait par un chemin balisé, près du hameau homonyme.
Son dépôt ferrugineux rougeâtre permet de la distinguer nettement des eaux ordinaires et est commun à de nombreuses sources thermominérales.
Cette source était connue des habitants depuis des temps immémoriaux et fait partie des fontaines minérales qui peuvent s’enorgueillir d’un passé gallo-romain.
Au XIX^e siècle, lors de travaux d’aménagement de la source, les ouvriers découvrirent des vestiges de cette époque. Les lieux étaient alors très fréquentés.
Aujourd’hui, la source n’est plus qu’un mince filet d’eau rougie. L’aménagement actuel, bien différent de celui du siècle dernier, peine à raviver la nostalgie d’une époque disparue à jamais.