Vulcano – Bain de boue, bain de soufre
- Par Nature Source Chaude
- Publié le
- Mis à jour le 22 avril 2025
Situé au nord de la Sicile, dans la mer Thyrrhénienne, l’archipel des éoliennes est composé de 7 îles, qui sont de véritables paradis pour les amoureux de la nature, de la randonnée et de l’aventure. Cependant, ces terres abritent des volcans plus ou moins actifs à l’origine de sources chaudes, de geysers et de fumerolles.
C’est notamment le cas de l’île de Vulcano, porte d’entrée de l’archipel, qui s’est forgé une identité originale dans le domaine du thermalisme grâce à son bain de boue sulfurée aux immenses bienfaits. Son bain de boue, ses eaux chaudes ainsi que ses fumerolles spectaculaires peuvent ainsi relever et assaisonner le séjour.
Vulcano est sans doute l’endroit qui peut réconcilier l’homme moderne avec les exigences de la vie quotidienne en apportant apaisement, réconfort et expérience éminemment régénératrice.
AU SOMMAIRE :
Comment se rendre sur l'île de Vulcano ?
Comment y aller ?
Pour rejoindre Vulcano depuis la Sicile, vous devez d’abord vous rendre à Milazzo (ou Mesinne). Si vous arrivez en train, vous pouvez rejoindre le port et la gare maritime en 45 minutes à pied depuis la gare de Milazzo. Sachez qu’il existe une ligne de bus régulière entre la gare et le port, avec un passage toutes les heures. Pour la traversée, vous pouvez également acheter vos billets à l’avance sur le site internet de Liberty Lines. La traversée dure environ 45 minutes (avec l’hydrofoil).
Comment se déplacer sur l'île ?
L’île est si petite que vous pouvez tout faire à pied. Les distances ne sont pas si importantes pour parcourir l’île d’un bout à l’autre. Il y a juste un peu de dénivelé pour aller au Grand Cratère. C’est l’une des rares randonnées de l’île.
Une île qui a du charme
Lorsque je débarque à Vulcano, un air de bout du monde se révèle des plus agréables. Et pour cause, l’hydrofoil (bateau rapide de la compagnie Liberty Lines) dépose les voyageurs au sud de l’île (à Porto di Levante), devant l’imposant « Grand cratère de la Fossa ». Des fumerolles spectaculaires émettent des fumées près du sommet et suscitent l’émerveillement des voyageurs.
Je ressens également une odeur de soufre, un peu âpre, mais supportable. Le port dégage un air de propreté et de confort, ainsi qu’une beauté sereine qui me va droit au coeur.
Si l’on part sur la gauche, on accède à Vulcano di Porto, une ville minuscule et symétrique, soigneusement badigeonnée, qui offre des lignes droites et calmes, avec une élégance certaine. Vous y trouverez une poignée de magasins et de restaurants, puis, un peu plus loin, le sentier menant au « Grand cratère ».
Si l’on part sur la droite (ma destination), une jolie route pavée glisse entre deux monticules sur lesquelles se détachent un ton jaune (soufre) pour le plaisir des yeux. Celle-ci permet d’atteindre l’attraction principale de l’île : le bain de boue appelé « Laghetto di Fangi » (lac de boue). Cet endroit laisse à découvert la merveilleuse Baie de Levante.
Vulcano, bain de boue
Après avoir traversé cette route pavée, vous arriverez aux bains de boue de Vulcano. Le site est ceinturé par une clôture en bois et une barrière de rochers qui en interdisent l’accès. On y trouve un petit pavillon en guise d’accueil.
ℹ️ Informations et tarifs :
Les Thermes de Vulcano sont gérés et entretenus par l’entreprise Geoterme Vulcano S.R.L (site officiel).
Découverte de la mare d'eau boueuse
Cette mare d’eau boueuse est située à proximité de la plage des « eaux chaudes ». Ensemble, ils représentent les thermes de Vulcano, où baigneurs et curistes se rencontrent à toute heure du jour. Les Italiens appellent cet endroit les « Terme di Vulcano ».
Ces thermes sont aux mains de l’entreprise Geoterme Vulcano depuis un certain nombre d’années, qui en dirige l’exploitation. Mais depuis mars 2020, le bain de boue est fermé. Celui-ci est probablement géré avec un zèle qui est de nature à lui permettre de prendre son essor. Un établissement devait voir le jour. L’absence marquée de tout confort est évidemment de nature à ne pas attirer certains voyageurs.
Cinq années plus tard, des travaux de terrassement ont été effectués mais aucun établissement n’a vu le jour. Pour des raisons que j’ignore, l’île de Vulcano, qui fait notamment partie du patrimoine mondial de l’Unesco, a donc été privée de son attraction principale, son bain de boue, pendant tout ce temps. Mais selon les commerçants, celui-ci devrait rouvrir pendant la saison estivale, en 2025.
L’endroit est donc désert. Il faut normalement s’acquitter de 3 euros (prix pour un adulte avec douche comprise à 1 euro) pour accéder au bain de boue. Mais tout est fermé pour le moment.
Lorsque je me retrouve face à la mare de boue, celle-ci exhale une odeur d’oeuf pourri vraiment intense et persistante. Je n’ai jamais ressenti ce parfum d’oeuf couvé avec une telle supériorité par rapport à d’autres sources sulfureuses.
En face, la mer ronge sans cesse le pied d’un escarpement rocheux fort original dont le sommet est couronné de roches colorées. Mais elle reste, fort heureusement, à une certaine distance de la mare d’eau boueuse. Il n’y a donc pas à redouter ses tourbillons et rapides courants lorsqu’elle est agitée.
Le point d’émergence de cette source se situe au sein d’une zone sédimentaire.
Des barrières de roches viennent donc consolider le contour de la zone. Un chemin en bois apporte également une utile précaution. Le tour du bain est remarquablement doux et uni, sans galets ni gros cailloux, ce qui est fort apprécié. Une pente presque insensible côté mer permet aux baigneurs maladroits de s’y aventurer sans encombre.
La température de cette eau mêlée de boue est tiède. Mais la température est chaude, parfois brûlante, partout où des bouches d’évacuation libèrent des vapeurs et des gaz.
Ces gaz remontent sous forme de grosses bulles à la surface, avant d’éclater. Observer une telle chose est à la fois fascinant et apaisant. Cela procure les mêmes effets qu’observer les vagues de la mer. Par contre, l’eau est fortement brouillée et le bain de boue semble inhospitalier. Qui aimerait plonger dans un bouillon troublé?
Une boue thermale d'une grande valeur
L’eau est chargée de boue blanchâtre qui m’empêche de voir à travers, ce qui n’est pas rassurant.
En fait, cette eau laiteuse est opalescente et n’absorbe aucune longueur d’onde de la lumière. À l’instar du lait, elle n’absorbe ni ne laisse passer la lumière. Ces eaux se sont ainsi chargées de minuscules particules solides, appelées colloïdes, qui détournent la lumière. De plus, ces colloïdes, chargés négativement, se maintiennent dans l’eau en se repoussant mutuellement.
De par leur taille minuscule (moins de 0,002 millimètre), ces colloïdes sont en fait des argiles, souvent accompagnés de bactéries du sol et d’autres organismes vivants, tous chargés négativement. Cette population de bactéries est d’ailleurs adaptée aux conditions du milieu et spécifique au point d’émergence.
Cette eau boueuse et laiteuse est riche en métabolites, c’est-à-dire des produits issus d’une longue maturation. C’est donc un véritable bain de jouvence qui s’offre au baigneur : dans le même liquide, on trouve de l’argile colloïdale vivante, des sels minéraux, du gaz, des micro-organismes et bien plus encore.
La boue thermale, dont le baigneur s’enduit, est au contraire maintenue au fond de l’eau à cause de son poids. Elle n’est ni chargée négativement ni un colloïde. D’ailleurs, il est préférable de ne pas l’utiliser afin de ne pas perturber ce milieu vivant. Je vous explique pourquoi juste après.
L’immersion dans le bain permet déjà au corps d’entrer en interaction étroite avec cette richesse de la nature. On peut ainsi profiter pleinement des propriétés de ces colloïdes en suspension dans l’eau. Ces eaux boueuses contiennent des molécules organiques capables de franchir la barrière cutanée, mais uniquement lorsqu’elles sont humides.
Au contraire, si je m’enduis de boue et que je la laisse sécher hors de l’eau, il n’y a plus d’échanges avec la peau. Plus l’eau s’évapore, plus la boue devient dure et plus ses dépôts craquelés vont assécher et irriter la peau. D’ailleurs, la pâte d’argile que l’on laisse souvent sécher sur le visage est en réalité néfaste pour la peau.
De plus, cette boue vivante, riche en micro-organismes s’est parfaitement adaptée aux conditions de ce milieu (température de l’eau, pH, absence de lumière, minéraux, gaz, etc.). Si on la retire de l’eau, les conditions sont soudainement très différentes (lumière, oxygène, évaporation, etc.). Il est donc préférable de ne rien faire et se laisser porter par le bain : l’argile colloïdale (chargée négativement) sera attirée comme un aimant vers la peau (chargée positivement).
Enfin, cet argile, qu’elle soit colloïdale ou non, fait bien plus que de déposer passivement des substances dont le corps a besoin. Connaître sa composition ne suffit pas expliquer son action.
Notons également que cette mare d’eau boueuse est légèrement radioactive (comme de nombreuses sources minérales) et fortement sulfurée. Elle est donc très stimulante pour la peau, mais peut irriter certaines peaux sensibles. Il peut alors être judicieux d’y aller progressivement ou de limiter le temps passé dans l’eau (au moins la première fois). Une pancarte placée autour du bain donne quelques recommandations sanitaires.
Conseils pour le bain :
Le soufre peut s’imprégner durablement dans les vêtements. Certains textiles (serviette, maillot de bain, sous-vêtement) finiront éventuellement à la poubelle. Il peut également être utile de porter des sandales d’eau pour éviter de se brûler les pieds.
Vulcano, un bain de soufre aux multiples bienfaits
Les bassins de boue volcanique sont toujours le signe d’une présence de réserves de gaz cachées sous terre. Les nombreux suintements de vapeurs et de gaz visibles en surface en sont la preuve. De plus, l’odeur d’œuf pourri qui se dégage du site indique la présence d’une quantité importante de soufre sous forme de sulfure d’hydrogène (H₂S).
Pour mettre en évidence le caractère sulfureux du bain de boue, il suffit d’observer l’effet de ces eaux sur certains réactifs. Son aptitude à noircir les bijoux ou les bracelets en argent est particulièrement importante et devrait inciter à les retirer. Cela vaut également pour les objets en plomb, qui vont également se précipiter et prendre une teinte brune. Même les gaz qui flottent dans l’air ternissent ces réactifs.
Le bassin étant à découvert, les gaz peuvent néanmoins s’échapper librement, sans craindre de dénaturer l’eau laiteuse. L’influence du contact de l’air sur la dynamique d’une eau sulfureuse est énorme.
Ainsi, d’après une méta-analyse[1], des concentrations de 30 à 50 ppm de sulfure d’hydrogène ont été relevées dans l’air près du bassin de boue. Aucune autre source chaude en Italie, ni en France ne présente une concentration aussi élevée d‘H₂S. D’ailleurs, ce gaz a des propriétés curatives avérées dans les maladies des voies respiratoires (largement utilisé dans les stations thermales), les rhumatismes et les maladies de peau. Mais que dire de cette concentration hors norme?
Le bain de boue dégaze également une grande quantité de dioxyde de carbone (comme de nombreuses sources chaudes) dans l’air. Ce CO₂, bénéfique lorsqu’il est dissous dans l’eau, peut s’avérer toxique dans l’air lorsqu’il atteint une concentration élevée. Des pics mineurs inférieurs à 1000 ppm ont été enregistrés autour du bain de boue, ce qui n’est pas alarmant.
La concentration normale de CO₂ dans l’atmosphère est de 430 ppm. Notre intoxication quotidienne par notre propre CO₂ (liée à notre mode de vie) est bien plus importante et peut même atteindre 5000 ppm la nuit (soit pendant environ dix heures). Pour en savoir plus sur le sujet, je vous invite à lire le début de cet article : Nettoyer ses poumons avec des méthodes naturelles.
Toujours d’après la méta-analyse, d’autres gaz s’associent au sulfure d’hydrogène. Des centaines de ppm de méthane (CH₄) et d’hydrogène (H₂) ont été relevés.
Tous ces gaz (sulfure d’hydrogène, méthane et hydrogène) ont de puissantes propriétés curatives. Pour en savoir un peu plus, je vous invite à lire la fin de cet article : Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles.
Enfin, ces boues, caractéristiques des boues volcaniques, sont probablement composées d’une quantité importante de silice. La silice est indispensable pour les cartilages, les articulations, les os, la peau, etc. D’ailleurs, ce bain de boue donne souvent des résultats impressionnants dès le premier bain. Ce bain est aussi extrêmement riche en micro-organismes, sources de production de molécules organiques, d’enzymes, de vitamines, de molécules anti-inflammatoires, etc. Sans cette diversité en micro-organismes, les propriétés du bain de boue ne seraient plus les mêmes. Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article : « Le sol, couche de base et milieu vivant d’une source chaude ».
La "Spaggia delle Acque Calde" (Plage des Eaux Chaudes)
À deux pas du bain de boue se trouve une plage (également connue sous le nom de plage des Fumerolles) qui n’est pas dénuée d’intérêt et où l’on peut se baigner dans une mer où l’eau est réchauffée par des jets de gaz.
D’ailleurs, il ne faut pas se fier à l’apparente monotonie de la mer. En effet, des gaz s’échappent vigoureusement du lit marin en divers endroits. Des bulles atteignent parfois une taille effrayante.
En ce mois de février, l’eau est encore froide et les fortes variations de température de la mer ne m’incitent pas à m’y baigner. Une première zone d’eau chaude, située à environ 20 mètres du bain de boue, est accessible par une échelle en bois.
Les gaz qui s’y échappent sont similaires à ceux du bain de boue, mais semblent réagir différemment avec l’eau de mer, en créant d’incroyables précipités blancs. Cette fois-ci, c’est la forte minéralisation de la mer qui provoque une floculation du soufre.
À quelques dizaines de mètres, une longue bande de sable noir très fin délimite l’accès à la mer. Une deuxième zone d’eau chaude est également accessible aux baigneurs.
Référence
Diliberto, I. S., Cangemi, M., Gagliano, A. L., Inguaggiato, S., Jacome Paz, M. P., Madonia, P., Mazot, A., Pedone, M. and Pisciotta, A. (2021) Volcanic Gas Hazard Assessment in the Baia di Levante Area (Vulcano Island, Italy) Inferred by Geochemical Investigation of Passive Fluid Degassing
2 réflexions au sujet de “Vulcano – Bain de boue, bain de soufre”
Bonjour,
Je recherche un bassin de boue si cela existe en france ?
Bonjour,
En France, vous ne trouverez pas de bassins d’eau chaude avec autant de boues thermales. Mais, certains bassins d’eau chaude sauvages en contiennent quand même un peu (Prats-Balaguer, Mérens, Canaveilles, Canyon de Thuès). N’hésitez pas à me faire un retour lors de vos découvertes.