Thermes en Sicile – Les Sources Chaudes Incontournables

La péninsule italienne dispose d’un nombre considérable de sources thermales. Richement dotée, on en trouve dans la plupart des régions, sans oublier les îles.

Tout au sud, la Sicile, qui n’est séparée de l’Italie continentale que de 3 petits kilomètres par le détroit de Messine, ne fait pas exception puisqu’elle dispose d’un patrimoine thermal relativement important. 

Les nombreux vestiges du passé découverts sur cette île, la plus grande de Méditerranée, témoignent clairement que le thermalisme était une réalité dans le monde romain, mais aussi dans le monde antique, lorsqu’elle était sous influence de civilisations plus anciennes.

Au XIX^e siècle, le thermalisme prend de l’ampleur (on parle alors d’« âge d’or du thermalisme ») et suscite un engouement exceptionnel. Par conséquent, de nombreux établissements thermaux plus modernes furent construits en Sicile afin de recueillir ces sources et de les exploiter. Ce phénomène toucha toutes les régions d’Italie, mais aussi l’ensemble de l’Europe, qui disposaient de sources chaudes.

Dans cet article, vous découvrirez qu’il est encore possible de prendre un bain thermal naturel et gratuit en Sicile, généralement situé à proximité d’un établissement thermal.

Sources chaudes Sicile
Belvédère de Quattrocchi sur l'île de Lipari

AU SOMMAIRE :

Carte des sources chaudes et des Thermes en Sicile

Sur cette carte, vous trouverez les thermes situés en Sicile et sur ses îles satellites, accessibles aux voyageurs. Ces thermes collectent l’eau provenant de sources thermales. Ils peuvent se présenter sous forme :

– de spas gratuits aménagés ou non.
– de spas payants. Quelques spas sont parfois aménagés de façon très sommaire et restent accessibles à des prix très abordables.

1. Terme di San Calogero - Lipari

L’île de Lipari fait partie des îles éoliennes qui sont situées au nord de la Sicile dans la mer Thyrrhénienne. Elle jouit d’un climat doux et stimulant. À l’ouest de celle-ci, les Terme di San Calogero (Thermes de San Calogero), situés au pied du volcan Monte Sant’Angelo, ont une attraction indicible et offrent une vue grandiose sur la mer. Les alentours des thermes sont un véritable jardin, riche en essences méditerranéennes, qui inspire la joie. Les habitations sont peu nombreuses à proximité.

🚌 Accès :
Le site n’est pas desservi. Depuis le port de Lipari, vous pouvez rejoindre le belvédère Quattrocchi ou le village Pianoconte en bus. De là, vous pouvez continuer à pied sur la route de San Calogero qui descend vers les thermes du même nom.

Au fil des siècles, la source a été exploitée de manière empirique. Mais au XIX^e siècle, le thermalisme suscite un engouement exceptionnel en Sicile, comme partout en Europe. Conscients de son intérêt, on fit construire, probablement vers 1872, un établissement thermal à proximité des vestiges des anciens bains afin d’exploiter la source thermale. À partir de cette date, les thermes doivent sans cesse être modernisés pour satisfaire une clientèle de plus en plus exigeante.

Nous sommes au XIX^e siècle, à l’aube de l’industrialisation des bains. L’évolution des techniques, des mœurs et le capitalisme ont profondément modifié les rituels thermaux.

Un siècle plus tard, en 1975, l’activité thermale s’éteint, car le bâtiment manquait d’équipements et de services.

Depuis 2011, le bâtiment thermal abrite un musée.

La visite du bâtiment thermal n’est possible (il semblerait que ce ne soit plus le cas) qu’en étant accompagné l’un des deux frères, les gardiens du lieu. Ces deux hommes âgés ont les clefs du bâtiment et sont très attachés au site. Ils accueillent les touristes avec le plus grand empressement. Cependant, lors de ma visite, ils étaient absents.

Comme on peut le voir sur l’image, l’établissement thermal comprend un soubassement, un rez-de-chaussée et un premier étage. Le matériel industriel de l’établissement devait comporter des douches, des cabinets de bain, une piscine, diverses installations et appareils.

Le petit bâtiment en ruines situé de l’autre côté de la route était probablement destiné aux personnes démunies.

Petit bâtiment avec sa fresque murale représentant des Bains. L'intérieur est jonché de détritus

La situation des thermes, au pied de la colline, permet d’effectuer des promenades intéressantes sur des chemins carrossables, puis de partir à la découverte de la côte sur des sentiers plus aventureux.

La balade la plus populaire auprès des visiteurs est probablement celle qui mène aux carrières de kaolin, offrant un panorama grandiose tout au long du parcours.

Autour de la piscine thermale remplie d’eau tiède, le lieu est disgracié par la présence d’une tourelle électrique et de murs en béton. 

Thermes de San Calogero à Lipari
Source thermale des thermes de San Calogero

Cette piscine est probablement d’origine romaine. L’exploitation de la source a perduré durant le Moyen Âge et les siècles qui ont suivi.

Ces thermes renferment un réseau souterrain qui achemine l’eau thermale de la source jusqu’à cette piscine d’une bonne profondeur.

Source thermale des thermes de San Calogero
Source thermale des thermes de San Calogero
L'eau est chaude et arrive à une température de 57°C.

Ces eaux, qui sont distribuées par un seul griffon, sont sursaturées en carbonates. Elles sont acheminées par gravité dans un canal maçonné qui n’est pas facilement accessible et dont j’ignore la longueur. Non entretenu, ce canal (creusé par la main de l’homme) doit normalement être régulièrement curé et libéré des concrétions qui s’y déposent. Cela a pour conséquence de diminuer le débit de la source. Par conséquent, la température de la piscine est moins élevée et les propriétés thérapeutiques de ces eaux sont amoindries.

💡Source pétrifiante :
Du fait de leur charge en carbonate de calcium et de leur composition particulière, ces eaux sont pétrifiantes. Cette précipitation des carbonates est la conséquence naturelle d’une modification des équilibres chimiques de l’eau thermale lors de la libération de gaz carbonique.

La décompression (la pression diminue lorsque ces eaux souterraines remontent) du gaz contenue dans l’eau thermale va provoquer la précipitation des carbonates. Ce canal maçonné réduit la vitesse d’écoulement (facteur dynamique) de l’eau thermale et accélère ce phénomène.

Ces eaux sont de nature bicarbonatée sodique et renferment une forte concentration de sulfates. Le soufre se présente donc sous forme de sulfate ; je n’ai senti aucune odeur d’œuf pourri (soufre sous forme de sulfure d’hydrogène). D’ailleurs, si vous appréciez ce parfum d’œuf couvé, vous devez absolument vous rendre sur l’île voisine, Vulcano🌋.

L’ancienneté des thermes a été prouvée par de nombreuses découvertes datant de l’époque antique. De l’autre côté du mur en béton, tout près de l’établissement thermal, se trouvent deux autres piscines dont le fond est dallé en ciment. La grande piscine, légèrement arrondie, date de l’époque hellénistique (323 av. J.-C. – 32 av. J.-C.) et la petite piscine rectangulaire date de l’époque romaine.

2 piscines + une grotte (flèche rouge) datant de la période mycénienne
Grotte thermale artificielle datant de la période mycénienne
Intérieur de la Grotte thermale

Le fond dallé des piscines, qui n’est pas un sol naturel, altère les propriétés thérapeutiques des eaux thermales. La nature du milieu dans lequel une eau circule est extrêmement importante (facteur chimique), et a des conséquences sur son état dynamique. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre article intitulé : Le sol, couche de base et milieu vivant d’une source chaude. Néanmoins, ces bassins ne sont pas protégés par une couverture et reçoivent directement les rayons solaires. La lumière est un élément essentiel d’une source chaude. Elle est nécessaire pour l’eau, les micro-organismes qui la composent et le plancton thermal.

La grotte ronde en forme de dôme, accolée au bâtiment, est entourée d’un mur en pierre d’œuvre mycénienne (XVI^e – XI^e siècle av. J.-C.). Ces vestiges, toujours debout, font de ce site thermal l’un des plus riches et des plus anciens de la Méditerranée. Enfin, cette grotte était utilisée comme sauna.

2. Terme di Vulcano - Vulcano

Vulcano est une île agréable, bien bâtie, dotée de thermes qui offrent des bienfaits remarquables, supérieurs à ceux de Lipari, sa voisine. L’île abrite un grand bassin d’eau thermale mêlée de boues créant une alchimie formidable et dotée d’une valeur thérapeutique très élevée.

Les gaz et les sels minéraux accompagnant l’élément sulfureux, présent en grande quantité (il n’y a pas plus élevé en Italie) dans l’eau, expliquent en partie son grand pouvoir thérapeutique dans le cadre de bains et d’inhalations. En revanche, il est préférable de ne pas la consommer.

La plupart des affections trouveront un soulagement grâce à ce bain de boue simplement aménagé. Les eaux salines de la mer, réchauffées par des jets de gaz, constituent une autre raison de s’y rendre. C’est d’ailleurs ce que font les insulaires des îles Éoliennes (Lipari, Stromboli, Panaréa, etc.) qui n’hésitent pas à prendre le bateau pour venir à Vulcano uniquement pour prendre un bain.

À noter également que l’accès au bain de boue est payant (quelques euros). Ces thermes sont exploités par l’entreprise Geoterme Vulcano SRL (site officiel). Pour en savoir plus sur ce bain de boue, je vous invite à lire notre article : Vulcano – Bain de boue, bain de soufre.

3. Terme di Pantelleria - Pantelleria

J’aime la rapidité avec laquelle on accède aux îles Éoliennes. Tandis que pour venir à Pantelleria, la plus grande des îles appartenant à la Sicile mais aussi l’une des plus éloignées, la traversée n’est pas vraiment « express ». Sa situation, plus proche de la Tunisie que de la Sicile continentale, lui permet d’échapper au tourisme de masse. Hors période estivale, il n’y a presque pas d’affluence sur les plages caillouteuses de Pantelleria. De plus, pendant cette période, les sources thermales aménagées en bord de mer ne reçoivent jamais un grand nombre de baigneurs.

Le village de Gadir reste le lieu de prédilection des amateurs de bains chauds, car il dispose de bains très accessibles. Mais les plus aventureux trouveront également d’autres endroits sur l’île où ils pourront prendre soin de leur santé.

Gadir Vasche Termali
3 vasques d'eau chaude sont situées derrière l'espace protégé par la jetée. Je suis assis dans l'une d'elles.
Acque termali Gadir
Port de Gadir et ses 3 bassins d'eau chaude

À Gadir, il est possible de prendre son bain derrière la jetée sans craindre les courants rapides qui agitent la mer. Au port de Gadir, vous trouverez deux bassins d’eau chaude (le troisième est trop chaud) dans lesquels vous pourrez vous prélasser. Pour en savoir plus sur l’île, je vous invite à lire notre article complet : Visiter l’île de Pantelleria et ses sources chaudes naturelles.

4. Terme di Segestane - Castellamare del Golfo

À l’ouest de la Sicile, dans la province de Trapani, les thermes de Segesta sont sans conteste l’un des plus connus de l’île. Toute une population locale s’y rend pour se faire soigner. On y vient également de loin (Palerme, Trapani, etc.) et parfois de manière régulière pour profiter des bains, d’autant que l’on sait que ces eaux thermales, qui font la richesse de la contrée, ont des propriétés reconnues.

Les Siciliens y viennent aussi pour remplir des bouteilles. Néanmoins, l’action des eaux minérales ne se manifeste que lorsqu’elles sont bues sur place.

Le site est également riche en découvertes archéologiques et en influences magnétiques. En effet, ces eaux légèrement sulfureuses sont radioactives et hyperthermales. Le lieu est ainsi soumis à des radiations telluriques bénéfiques. Enfin, les sources thermales abondent à divers endroits dans le canyon. Certaines d’entre elles sont exploitées par un établissement thermal. Pour en savoir plus, je vous invite à lire notre article : Visiter Segesta – Sources chaudes naturelles.

5. Terme di Sclafani Bagni - Sclafani Bagni

Le site des Bains de Sclafani est vraiment étonnant. En descendant le chemin cimenté qui s’embranche sur la route SS120 reliant Cerda à Caltavuturo, on découvre un tableau étonnant : un établissement thermal niché au pied d’une falaise impressionnante.

Accès :
En voiture, c’est simplissime, la route vous amène jusqu’aux thermes abandonnés où l’on peut se garer sans difficulté. En revanche, ce n’est pas aussi simple en transports en commun. Il existe bien quelques bus (de la compagnie Macaluso) qui desservent le village de Cerda depuis Termini Imerese, mais ils sont peu nombreux (moins de cinq par jour). Et de Cerda aux thermes, il reste encore pas mal de route qu’il faudra effectuer à pied.

Les thermes de Sclafani Bagni
Sclafani Bagni - Thermes abandonnés (à gauche) - Source chaude (à droite)

Le bâtiment thermal, qui devait être élégant autrefois, est aujourd’hui désaffecté.

Les thermes abandonnés de Sclafani Bagni
Sclafani Bagni - Thermes abandonnés - Source chaude (flèche rouge)

Il ne reste presque rien des aménagements destinés aux curistes, mais on peut aisément imaginer la quiétude qui régnait dans cette petite station dont l’établissement thermal désaffecté fut l’œuvre du comte Matteo Sclafani. Celui-ci a été construit après 1851, à une certaine distance de la source.

En effet, un établissement thermal existait déjà en 1748. Celui-ci était construit autour de la source située plus en amont. Bien que celui-ci ait été rénové complètement en 1846 par le comte de Sclafani, il a été détruit en 1851 par un important mouvement de terrain.

Dans ce bâtiment, aujourd’hui abandonné, les curistes trouvaient des installations telles que des baignoires, des douches, une cuisine, une salle de jeu, etc.

L’activité thermale s’est éteinte dans les années 1990. Depuis, l’établissement thermal est toujours debout, mais il n’est plus entretenu. La source thermale coule toujours, mais ses eaux ne parviennent plus jusqu’ici. Elles sont recueillies un peu plus en amont, à 140 mètres du bâtiment, dans des bassins à étages. Elles se jettent dans ces bassins à l’aide d’un tuyau, à une température de 32,5 degrés.

Les thermes de Sclafani Bagni
Bains au premier plan - Pin parasol magnifique en arrière plan

Ces eaux sont acheminées par gravité à travers un tuyau en plastique dont j’ignore la longueur et le lieu de provenance. Par conséquent, le fait que ces eaux soient transportées en ligne droite et au contact du plastique modifie et réduit leurs propriétés thérapeutiques par rapport à leur état naturel. Pour en savoir plus sur les problèmes liés au transport de l’eau, je vous invite à lire notre article « Les sources de Saint-Nectaire ».

Néanmoins, à vue de nez, le débit est d’au moins 150 litres par minute, ce qui reste important pour ce petit bassin dont l’eau est rapidement renouvelée (la température du bassin est de 32 °C). De plus, le milieu dans lequel s’écoule l’eau thermale est naturel et riche en divers micro-organismes. Ces deux conditions contribuent à maintenir ces eaux dans un état dynamique.

Lorsque j’ai visité les lieux, la beauté du paysage m’a surpris.

Une longue allée d’une rare beauté borde les bains, où se dresse un magnifique pin parasol. On pourrait la nommer « l’allée des bains ». Le lieu est entouré de promenades charmantes et de montagnes verdoyantes. Les Bains de Sclafani sont situés aux portes du parc régional des Madonies, l’un des plus beaux endroits de Sicile.

Enfin, ces eaux salines, sulfatées, chlorurées et iodées ont sans doute été remarquées à cause de leur odeur d’œuf pourri très prononcée. Aucune autre source sulfureuse en Sicile (du moins, je n’en ai pas connaissance) n’a l’avantage de posséder une telle quantité de sulfure d’hydrogène, excepté le bain de boue de Vulcano. Même en Toscane, je n’ai pas constaté une telle supériorité en ce qui concerne la sulfuration. Ainsi, la Sicile a l’avantage de posséder des sources thermales qui figurent parmi les meilleures d’Italie.

Ces eaux chaudes sont également très minéralisées par les sulfates, les chlorures, le sodium, le magnésium, etc. Après avoir goûté ces eaux, j’ai pu constater qu’elles présentaient un degré de minéralisation très élevé, ce qui rend cette source remarquable à tous points de vue (sauf le tuyau).

Les bienfaits des sources chaudes

Depuis des millénaires et tout autour du monde, les civilisations anciennes reconnurent et apprécièrent les bienfaits des sources chaudes.

Avant même d’en connaître sa composition, un bain thermal est utile par sa seule température et son efficacité est déjà si grande. Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article : Les énormes bienfaits du bain chaud.

Une eau minérale, qui entre au contact directe avec la peau (et les lésions cutanées) ou muqueuse, permet de traiter efficacement (⚠️ lorsque l’eau thermale n’est pas altérée) :

les affections des voies respiratoires. Pour en savoir plus, je vous invite à lire la fin de l’article : « Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles. »

les affections dermatologiques : les bains et les douches thermales aident à soigner efficacement l’acné, le psoriasis, les dermatites, l’eczéma…

les affections intestinales (lorsqu’elle est utilisée en boisson).

Elle traite également les rhumatismes, les maladies osseuses, etc : les sources chaudes riches en minéraux, en oligo-éléments et en substances organiques sont particulièrement utiles pour ce type de pathologie.

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