Visiter l’île de Pantelleria et ses sources chaudes naturelles
- Par Nature Source Chaude
- Publié le
- Mis à jour le 29 avril 2025
Située plus près des côtes africaines que la Sicile « continentale », Pantelleria est la plus grande des îles appartenant à la Sicile mais aussi la plus éloignée. Cette île solitaire de la Méditerranée séduit par sa beauté sauvage mais aussi par ses nombreuses sources d’eau chaude non exploitées, situées dans des lieux peu commodes (mer, lac).
D’ailleurs, l’île de Pantelleria, qui ne manque pas d’élégance, est un spa thermal naturel assez complet. Au cours de mon séjour de quelques jours, je vous propose de partir à la découverte des richesses thermales de cette île d’origine volcanique surnommée « la Perle Noire de la Méditerranée ».
AU SOMMAIRE :
Comment se rendre sur l'île ?
Pour rejoindre Pantelleria en basse saison, il faut prendre un ferry de la compagnie Siremar depuis Trapani. La traversée s’effectue une fois par jour. La réservation des billets peut se faire au port de Trapani ou sur internet via le site officiel (directferries). Sans véhicule, le billet m’est revenu à 47 euros. Une navette (un minibus) récupère les voyageurs non véhiculés juste devant l’agence, deux heures avant le départ. Elle vous dépose ensuite près du ferry accosté à la sortie du port (vous évitant ainsi 45 minutes de marche). La traversée dure environ sept heures et s’effectue de nuit.
En haute saison (à partir du 1er juin jusqu’à septembre), la compagnie Liberty Lines (site officiel ici) propose une traversée de 2h30 en hydrofoil (bateau rapide). L’agence est située face au port.
Pantelleria est également desservi quotidiennement par un petit aéroport. Les liaisons s’effectuent de Palerme, de Trapani et de Catane (2 fois par semaine).
Comment se déplacer sur l'île de Pantelleria?
Plusieurs agences de location de véhicules sont présentes sur l’île. Il est possible de louer des véhicules pour moins de 30 euros par jour. Il est également possible de louer des scooters et des vélos électriques. Les transports publics (site officiel et horaires de bus : Marsala Travel Bus) permettent également de se déplacer sur les axes principaux de l’île. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait. Au sud, le bus vous amène jusqu’au village de Rekhale et, au nord jusqu’à celui de Tracino. Une ligne dessert également l’aéroport. Le ticket peut s’acheter directement auprès du chauffeur et coûte 1 euro 30 (1 euro 80 à partir de 2025).
Les départs en bus s’effectuent face à la poste. Cette dernière se trouve à 200 mètres du château de Pantelleria, colosse qui s’avance majestueusement vers le front de mer.
Cet édifice marque un peu l’identité de l’île et marque le début de mon voyage sur ce territoire peuplé de 7 000 âmes. Construit en pierres de lave (d’où le surnom de l’île : « Perle Noire »), il crée un contraste saisissant avec les autres bâtiments, plus « modernes », construits en matériaux conventionnels. Nous nous trouvons dans la capitale de l’île : la ville de Pantelleria. Ces roches volcaniques présentent de nombreux avantages : elles ont une durée de vie beaucoup plus longue, ne se délabrent pas, résistent aux conditions climatiques et météorologiques difficiles de l’île, sont économiques et ne demandent aucun entretien.
Ce château qui abrite un musée présente un certain intérêt historique lors de la visite de l’île.
Carte des sources chaudes de l'île de Pantelleria et informations
Vous pouvez retrouver sur la carte les sources chaudes de l’île à connaître absolument lors de votre séjour.
Quand aller à Pantelleria? D’avril à octobre.
Autre point : plus l’affluence est grande et plus il peut être difficile d’obtenir une baignoire ou une place sur certains sites dont l’espace est relativement restreint (Bassins de Gadir, Sataria, Benikulà).
Grotta di Sataria
Après avoir quitté la ville de Pantelleria en bus, je constate que de nombreuses maisons disséminées dans les collines possèdent des murs édifiés en pierres de lave. D’ailleurs, ces constructions particulières typiques de l’île, portent le nom de Dammuso. On y sent dans ces constructions insulaires l’influence d’une civilisation arabe qui a puisé dans les puissantes ressources de l’île.
Dix minutes plus tard, le bus me dépose déjà près du panneau m’indiquant la Grotta di Sataria (Grotte de Sataria). Cet arrêt précède celui qui se trouve à l’entrée du village de Scauri. Juste en face de l’arrêt, 4 à 5 places sont accessibles pour y laisser son véhicule. Après avoir longé la côte escarpée en descendant un escalier (qui est éclairé la nuit), vous apercevrez la grotte de Sataria.
À l’extérieur de la grotte, un grand bassin permet la baignade dans une eau de mer un peu moins agitée. C’est aussi l’une des plages (Spiaggia di Sataria) les plus accessibles de l’île de Pantelleria.
Depuis 2012, la grotte était fermée par l’administration pour des raisons de sécurité. Non entretenue, celle-ci était en mauvais état.
Diverses subventions, pour un coût total de 559000 euros, ont permis de restaurer (les travaux débutent en septembre 2023) et de sécuriser le site afin de la rendre à nouveau accessible à partir de juin 2024.
Lors de mon premier passage en février 2024 (travaux de sécurisation en cours), la grotte était dégradée. Sa plateforme bétonnée en mauvais état et les chutes de pierres provenant de la voûte (pose de grillages métalliques) la rendaient très dangereuse. Les réparations devenaient urgentes comme vous pouvez le voir sur les photos prises en janvier 2024.
À l’intérieur de la grotte, il faut traverser la plateforme bétonnée pour rejoindre deux bassins d’eau chaude gorgés de mystères.
La coloration de la plateforme bétonnée ajoute une touche esthétique à la grotte. De plus, la couleur pastel reflète mieux la lumière.
Quand je m’approche des bassins d’eau chaude, il y fait encore relativement sombre. La lumière de ma torche (smartphone) devient alors indispensable pour distinguer les contours des bassins et sécuriser mes pas. Peu de lumière naturelle parvient ici. Pour un bain, je recommande d’y venir par temps clair (surtout en hiver) ou d’apporter une lanterne de camping (ou une lampe tempête pour un éclairage plus naturel).
Ces bassins peuvent contenir des algues charriées par la mer, qu’il vaut mieux retirer. Elles sont mêlées à une eau thermale dont la température avoisine les 40 degrés. Mais l’un des deux bassins voit sa température refroidie (autour de 32 degrés) par des infiltrations d’eau de mer. À quelques mètres seulement, la mer s’engouffre dans la grotte créant un écho particulier. Peut-on être surpris par la marée montante lors d’un bain? Par prudence, vous trouverez facilement sur Internet les horaires quotidiens des marées à Pantelleria.
Enfin, toute la nuit, la vue des bains éclairés par des projecteurs Led (y compris sous l’eau) fait son petit effet. On peut même distinguer la clarté de l’eau.
L’eau se comportant comme un résonateur de l’énergie extérieure et comme un récepteur des informations environnementales, les propriétés particulières de l’eau thermale s’en trouvent modifiées et amoindries.
Les micro-organismes, faisant partie intégrante de la source chaude, à savoir le microbiote, sont également perturbés par la lumière artificielle.
Cette source chaude, de nature chlorurée sodique et réputée depuis l’Antiquité pour traiter les rhumatismes, les maladies de peau et l’arthrite entre autres, voit donc ses propriétés thérapeutiques amoindries.
Ceci dit, ce type de bain thermal nocturne, situé juste à côté de la mer, offre aux visiteurs une expérience unique et déconcertante.
Terme di Nikà
Je poursuis mon chemin à pied en direction des Thermes de Nikà, un site où des eaux thermales jaillissent dans la mer. Ces thermes se trouvent à quelques kilomètres du village de Scauri.
Le silence qui règne sur la route est tel que je n’y ai croisé aucun touriste. Je marche seul pendant une heure et demie sur une route sinueuse bordée de broussailles méditerranéennes, avec une jolie vue sur la mer en guise de récompense.
Ce havre méditerranéen est parfait pour les personnes en quête de paix et de tranquillité.
Je quitte ensuite cette charmante route pour emprunter un chemin caillouteux menant jusqu’à la crique de Nikà. Un parking en terre, qui dispose de 6 à 7 places, est aménagé au début du chemin. Le chemin devient ensuite impraticable.
Après quinze minutes de descente, j’aperçois la crique et je m’étonne de la présence de vieux rafiots laissés à l’abandon. J’observe la mer qui se jette sur des bancs de rochers avec fracas. Ce jour-là, la météo annonçait des vents allant de 20 à 30 km/h. La sinuosité profonde de la côte et cette légère brise poussent les vagues à monter sur les rochers.
Cependant, je n’éprouve aucune difficulté à rejoindre la falaise située vers la gauche par les rochers. Il faut toutefois la contourner à la nage. Les sources chaudes de Nikà se trouvent derrière cette falaise à environ 200 mètres. Étant un piètre nageur, je préfère ne pas m’y risquer de peur d’être emporté par les courants.
Le site est en revanche accessible par bateau (en été) ou à la nage par temps calme.
Pratiquement au début du chemin qui descend vers la crique, on peut voir sur la gauche un dammuso qui semble abandonné. Les Terme di Nikà sont situés en contrebas, à une courte distance.
Cependant, il n’y a aucun chemin spacieux et commode en coupant directement par le flanc de falaise. Il est donc fort prudent de fuir les Terme di Nikà, en dehors de la période estivale, et de vous en tenir à la Grotta di Sataria ou aux Bains de Gadir, qui sont exempts de tout péril.
🤿 En plongeant dans la mer, il est possible d’observer les rochers d’où s’échappe de l’eau chaude (n’oubliez pas vos lunettes ou votre masque de plongée).
Cette eau thermale riche en solutés se mélange aux eaux froides de la mer et les nourrit, leur conférant des vertus thérapeutiques incontestables. La température de l’eau peut ainsi atteindre 40 degrés par endroits. En hiver, les passages subits du chaud au froid peuvent toutefois s’avérer inconfortables pour certains baigneurs.
Bagno Asciutto- Grotta di Benikulà
Une belle balade jusqu'à la grotte
Pour me rendre à la Grotta di Benikulà (grotte de Benikulà), également appelée Bagno Asciutto (bain sec), je regagne à pied le village de Scauri. Je me dirige ensuite vers les hauteurs pour rejoindre un grand parking pavé de pierres de lave, qui est le point de départ de nombreuses randonnées.
L’île de Pantelleria est d’ailleurs particulièrement vallonnée. Son point culminant, « La Montagna Grande », est situé à 860 mètres d’altitude.
Un sentier tout tracé qui fait face à la mer, planté de cactus, de chênes verts et d’une belle flore méditerranéenne conduit à la grotte en une dizaine de minutes. La beauté de cette promenade et les aménagements naturels (murets de pierres volcaniques, clôtures en bois) donnent l’impression d’évoluer dans un jardin.
Découverte du sauna naturel
Niché dans la grotte, je découvre ce vaporarium, qui s’apparente à un véritable « sauna naturel ». Cet hammam naturel crachant de la vapeur d’eau et des gaz s’explique par la remontée d’une eau thermale filtrée à travers les parois rocheuses. Une chaleur douce et humide de 38 °C s’en échappe par intermittence d’une fissure profonde.
Après avoir enfilé un peignoir, je m’y faufile pour recevoir ma douche de vapeur et de senteur. Je m’assois par terre sur des pierres. Moins de deux minutes plus tard, je commence à transpirer abondamment. J’en ressors aussitôt avec un visage frais et rajeuni.
Chaque séance (10 à 15 minutes sont recommandées) peut faire perdre jusqu’à un litre de sueur. Ici, le sauna est d’une redoutable efficacité. Le vaporarium est un stimulateur métabolique puissant et complet. L’organisme accélère alors la circulation sanguine, la transpiration, la ventilation et l’élimination des toxines.
Pour les plus sensibles, il est possible de se coucher au niveau du sol, sous les vapeurs, ce qui rend l’expérience plus tolérable. C’est d’ailleurs ce que font les Finlandais dans leur sauna artificiel. Des bancs sont disposés en gradins autour de la salle et les baigneurs vigoureux se couchent sur les gradins du haut (les vapeurs s’élèvent naturellement).
La grotte peut quant à elle elle accueillir 5 à 6 personnes.
À l’extérieur, la chambre attenante à la grotte est « le frigidarium ». Dans l’histoire du bain, le frigidarium est souvent le dernier exercice du baigneur. Celui-ci doit rejoindre une salle située près de l’entrée ou de la sortie.
Ici, une terrasse entourée de sièges en pierre permet au baigneur de retrouver sagement sa température corporelle normale par un puissant refroidissement. Pendant ce temps, l’oeil du baigneur peut s’étendre sur un panorama enchanteur et admirer la beauté du paysage (la plaine du Monastero et ses cultures, la mer).
L'un des meilleurs saunas?
La grotte de Benikulà représente ainsi degré de perfectionnement inégalé en matière de sauna.
Ce sont les volcans de Pantelleria, qui ne s’arrêtent jamais de chauffer, qui permettent à la grotte d’être embaumée de vapeurs bienfaisantes. Il n’est pas nécessaire ici de chauffer une cheminée avec du bois pendant 3 heures, puis de jeter des seaux d’eau sur des pierres incandescentes. Ce sauna naturel est gratuit et opérationnel 24 heures sur 24.
Une grande ouverture (l’entrée de la grotte) permet également d’évacuer le trop-plein de dioxyde de carbone, assurant ainsi une bonne ventilation. J’ai relevé un taux de 500 ppm de CO₂ au fond de la grotte. Pour en savoir plus sur l’importance du renouvellement de l’air et d’un taux adéquat de CO₂ dans une pièce, je vous invite à lire l’article : « Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles ».
La grotte est également un milieu vivant riche en micro-organismes, d’autant plus qu’il y a de l’humidité. En revanche, une forte humidité peut s’avérer problématique dans les « espaces artificiels » car elle favorise la prolifération de moisissures et de spores fongiques pouvant être délétères pour les voies respiratoires.
Enfin, le degré d’ionisation de l’air est plus élevé. Une grotte libère des sels minéraux gorgés d’ions négatifs.
Vertus thérapeutiques
Ce sauna naturel est utilisé par les touristes et les habitants de Pantelleria pour soigner les rhumatismes. Il en existe un autre dans la grotte des Brigands. La « Favare » peut également servir de sauna.
Outre les bienfaits attendus d’un sauna, ces vapeurs d’eau vivifiantes et ces gaz (provenant des grottes et des Favare) sont salutaires pour les voies respiratoires.
Ces émanations libèrent un mélange de gaz dont les concentrations et les ratios sont stables. Selon un rapport[1] d’analyses publié en 1994, on y retrouve des concentrations élevées (plusieurs milliers de ppm) d’hydrogène (H₂) et de méthane (CH₄). Ce méthane est également présent en plus faible concentration dans toutes les sources chaudes de l’île.
D’autre part, les quantités d’hélium y sont variables selon la « favare ». Des concentrations de 10 ppm et plus ont été relevées. Alors que sa concentration (naturelle) dans l’atmosphère avoisine les 5 ppm.
Tous ces gaz : hydrogène (H2), hélium (He), méthane (CH₄) possèdent des propriétés particulièrement intéressantes pour soigner les voies respiratoires. Pour en savoir plus, je vous invite d’ailleurs à lire notre article « Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles ».
Favare
Depuis la grotte de Benikulà, je poursuis ma balade sur un sentier facile et bien balisé en suivant l’itinéraire « Favare Grande ». La Favare est une émission de vapeur d’eau et de gaz produite par l’activité volcanique de Pantelleria, qui se manifeste par intermittence. La température peut atteindre les 100° C.
Le sentier qui mène à la zone d’activité volcanique des Favares serpente à travers un magnifique plateau et dure environ 50 minutes. Ce lieu géothermique est une véritable merveille où l’on peut observer de nombreuses émanations de fumée.
Peu avant Favare Grande, des fumerolles (« Fumarole della Vecchia Caserma ») émettent des vapeurs impressionnantes depuis une dalle aménagée à côté d’une construction toujours debout (ancienne caserne militaire en pierres de lave) qui mérite une halte. Cette ancienne caserne est située sur une colline, en travers du sentier balisé, et reste accessible en moins de deux minutes.
Il est ainsi possible d’observer en surface une multitude de fissures d’où s’échappent des tourbillons de vapeur.
Le même spectacle se présente lorsqu’on rejoint le site « Favare Grande », situé à une dizaine de minutes. Mais l’une d’elles ressemble à une véritable marmite. Il s’agit de la Favare Grande, la plus spectaculaire de toutes. Il apparaît alors qu’il vaut mieux s’éloigner un peu pour éviter d’être tout trempé. D’ailleurs, celle-ci est utilisée comme sauna naturel par les habitants. Des planches de bois appuyées sur des pierres de part et d’autre indiquent un certain usage.
J’admire une dernière fois le paysage puis j’opte pour un autre sentier balisé situé en travers du Favare. Celui-ci me permet de rejoindre directement Rekhale (proche de Scauri) par une descente assez rapide.
Les Bains de Gadir
À l’opposé, au nord de l’île, une route permet d’accéder directement à la mer ainsi qu’à la charmante bourgade de Gadir. Il est utile de préciser qu’ici, l’accès à la mer est plus facile qu’ailleurs et que ses sources chaudes attirent une foule qui ne saurait résister au désir de s’y baigner. De plus, il est facile de se garer (grand parking).
Si vous n’avez pas de véhicule, sachez que le bus (ligne Pantelleria-Tracino) vous déposera à l’arrêt « Bivio Kamma Gadir », à moins d’un kilomètre (10 minutes de marche).
Lorsque j’atteins la côte, j’observe un paysage élégant avec, d’une part, ses toits blancs éparpillés et ses terrasses dominant la mer.
Les toits bombés, blanchis à la chaux permettent à ces Dammusi (constructions insulaires) de récolter l’eau de pluie (rare sur l’île) dans des citernes.
Lorsque j’arrive près des trois bassins d’eau chaude, il n’y a à ce moment ni habitués ni étrangers. Sur ce petit port de pêche, un air de calme, de propreté et de confort règne en ce mois de janvier.
En cas d’affluence sur le lieu, les bassins d’eau chaude sont certainement pris d’assaut et il faudra saisir au vol une baignoire vacante. Ces bassins de faible profondeur sont destinés à une seule personne. L’eau chaude y arrive par le fond et est d’une limpidité parfaite. Les deux petits bassins ont une température moins élevé (variable) par rapport au grand bassin (55 degrés). Leur intercommunication avec la mer permet à l’usager de choisir la température souhaitée. Ces eaux thermales, brûlantes, doivent de toute manière être refroidies par l’eau de la mer.
Un peu plus loin sur la côte, à 200 mètres, se trouve un grand espace protégé par une jetée où le baigneur peut joindre aux bienfaits du bain les bons effets de l’exercice.
Lors de ma première visite en janvier 2024, des courants violents franchissaient la jetée. Cependant, la température de la piscine, réchauffée par des eaux thermales provenant du fond, avoisinait les 25 degrés (un peu limite en hiver). En été, les personnes qui aiment barboter ou discuter avec les autres peuvent préférer prendre un bain dans la grande piscine plutôt que dans les petites baignoires.
Les trois petites baignoires d’eau chaude près des rochers n’étaient, quant à elles, visibles que lors de mon deuxième séjour sur l’île (janvier 2025).
Toutes les sources de Gadir (comme celle de Sataria) dégagent de fines bulles qui remontent à la surface. Elles contiennent du dioxyde de carbone dissous et sont enrichies en ions bicarbonates, ce qui leur confère des propriétés particulières. Ces eaux thermales sont réputées pour soulager les rhumatismes, l’arthrite et les maladies de peau.
Arco dell'Elefante
À quatre ou cinq kilomètres de Gadir, on trouve le bourg de Tracino sur la route. Une descente assez rapide vers la mer depuis ce lieu conduit à l’un des sites les plus célèbres de l’île de Pantelleria : l’Arco dell’Elefante (l’Arche de l’Éléphant). La côte rocheuse, ici, dessinée en étages, offre de belles lignes qui rendent le paysage magnifique. La route permet de côtoyer la mer de près et d’accéder facilement à certaines criques très fréquentées comme Cala Levante et Cala Tramontana.
Dans ce paysage invraisemblable, un pont jeté sur la mer, semblable à la « trompe d’un éléphant », se trouve ici pour la volupté des yeux, pour l’émotion de la pensée. D’ailleurs, ce site pittoresque justifie si bien son nom : l’Arco dell’Elefante (arche de l’éléphant). C’est également à cet endroit que vous pourrez admirer un magnifique spectacle naturel : le lever du soleil.
Lago Specchio di Venere
Pour vous rendre au lac Specchio di Venere (Miroir de Vénus), vous devrez prendre le bus de la ligne Pantelleria-Tracino, qui vous déposera à l’arrêt « Bivio Lago di Venere », situé à une dizaine de minutes à pied.
Une fois arrivés sur le site, vous bénéficierez d’un panorama sublime. Ce cône, qui est un ancien volcan, sert à conserver un amas d’eau pluviale et d’eaux thermales en forme de cœur. Autant dire que ce lac apporte un peu de fraîcheur aux voyageurs.
Ce lac, qui atteint une profondeur de 12 mètres, est alimenté en partie par des eaux thermales provenant de trois sources. Ces eaux chaudes ont une température comprise entre 30 °C et 60 °C et sont presque toutes concentrées sur la rive sud, là où le lac est un peu plus resserré entre des collines boisées.
L’une d’elles a ces eaux qui émergent de la roche, dans un lieu entouré de roseaux. Elle est appelée « Sorgente termale del lago ». Cette source a une température supérieure à 50 degrés, un débit faible et des vertus thérapeutiques reconnues. Mais il n’y a pas vraiment d’endroit sur place pour se baigner.
Le mélange avec l’eau de pluie altère ces eaux, leur faisant perdre une partie de leur gaz. À cette période de l’année, le niveau du lac est à son maximum et l’eau du lac est froide. Des bassins en pierre aménagés (avec de l’eau froide) sont immergés par l’eau du lac. Faut-il donc attendre l’évaporation saisonnière pour profiter des bienfaits du lac ? Pas nécessairement.
Quel que soit le moment de l’année, le lac reste riche en minéraux (chlorures, sodium, magnésium, lithium, potassium…).
Il a surtout la particularité d’être réputé pour ses boues naturelles nutritives. Celles-ci sont également présentes sur l’une des rives sableuses du lac, la rive ouest.
Vous y trouverez à deux endroits une forte concentration d’empreintes de pas accompagnées d’une légère odeur d’oeuf pourri (présence de soufre sous forme de gaz).
C’est également le seul endroit de l’île où vous pourrez ressentir cette odeur d’œuf pourri.
Sur place, les baigneurs récupèrent et se tartinent le corps de boues sulfurées thérapeutiques (« Fanghi solforosi »). J’imagine que cet argile, longuement exposé à l’air, au soleil et à l’eau dont elle capte les principes vitaux doit être riche en principes actifs. Toutefois, il est important de rincer sa peau avant qu’elle ne sèche, car cette mauvaise habitude peut s’avérer en réalité néfaste et irriter la peau. De plus, ces boues sulfurées ne sont pas inépuisables.
Référence
Walter D’alessandro, Gaetano Dongarraà, Sergio Gurrierp, Franco Parello, Mariano Valenza Janvier 1994 Geochemical characterization of naturally occurring fluids on the island of Pantelleria (Italy)