Nettoyer ses poumons avec des méthodes simples et naturelles

À l’instar de nombreux organes, des poumons en état de fonctionnement sont essentiels pour maintenir le reste du corps en bonne santé. Ainsi, les poumons sont soumis à des processus de réparation continue qui peuvent être optimisés selon le mode de vie afin de limiter un état de dégénérescence progressive et multifactorielle (vieillesse, pollution, stress, mode de vie, etc.). Lorsque l’exposition aux polluants s’arrête, les poumons peuvent se régénérer plus facilement et plus rapidement.

Dans cet article, nous discutons de méthodes naturelles liées principalement au mode de vie qui peuvent contribuer à nettoyer et à détoxifier les poumons.

AU SOMMAIRE :

Ouvrir les fenêtres

La qualité de l’air a un impact considérable sur la santé pulmonaire. Nous savons tous que le tabac est nocif pour la santé. Dans ce cas, le plus efficace est d’arrêter de fumer et d’éviter le tabagisme passif en s’éloignant des fumées toxiques perceptibles.

En revanche, les dégâts causés par la pollution extérieure et intérieure sont imperceptibles et il est difficile d’en prendre conscience. Les conséquences, pourtant bien réelles, ne produisent généralement aucune sensation désagréable et nous maintiennent dans l’illusion que tout va bien. Pourtant, la présence de nombreux polluants nocifs dans l’air, surtout dans les villes, nous intoxique un peu plus chaque jour et peut créer des problèmes de santé à plus ou moins long terme.

La pollution intérieure

La pollution intérieure, est quant à elle 5 à 10 fois plus importante que la pollution extérieur, alors que nous passons la majeure partie de notre temps (plus de 80%) dans des endroits clos. 

On y retrouve toute sorte de polluants chimiques [1] mais aussi un gaz totalement naturel, le dioxyde de carbone (CO₂), qui peut s’avérer particulièrement toxique lorsque sa concentration dans l’air augmente. C’est ce que nous verrons juste après. 

Cette pollution proviendrait de plusieurs sources : de l’occupant (principalement), des appareils de chauffage et du chauffe-eau. De plus, ces appareils peuvent aussi rejeter du monoxyde de carbone, un gaz toxique, lorsque lorsque la quantité d’oxygène arrivant au brûleur diminue.

Le problème d'un excès de dioxyde de carbone en intérieur

Avant d’aborder le problème, intéressons-nous d’abord à la composition de l’air, que nous respirons ou que nous inspirons. L’air ambiant est composé d’un mélange de gaz contenant 78 % de diazote, 21 % de dioxygène et 0,043 % dioxyde de carbone(ou 430 ppm), ainsi que d’autres gaz représentant 1 %.

La respiration permet ainsi à notre organisme d’amener du dioxygène aux cellules et d’évacuer vers l’extérieur les déchets gazeux, à savoir le dioxyde de carbone.

Cet air expiré est composé d’un mélange de gaz contenant 78 % de diazote, 15 % de dioxygène, 5,5 % de dioxyde de carbone et d’autres gaz représentant 1 %. Puis l’air inspiré doit de nouveau être renouvelé afin que les échanges gazeux puissent se faire de façon optimale. Mais comme le renouvellement de l’air est instantané dans la nature, cela ne pose aucun problème. Une nouvelle bouffée d’air frais est alors inhalée avec 430 ppm de CO₂.

Cependant, dans un environnement clos et peu ventilé, l’air n’est pas renouvelé aussi rapidement qu’à l’extérieur. Cela a pour conséquence une augmentation de la concentration de CO₂ dans l’air. Personnellement, j’ai pu constater qu’il suffisait de quelques heures pour que la concentration en CO2 dans un petit appartement passe de 430 ppm à 1500 ppm.

De plus, le dioxyde de carbone est un gaz 1,5 fois plus lourd que l’air. Dans un environnement clos où l’air stagne, le CO₂ s’accumule près du sol et chasse l’oxygène de la zone. L’air intérieur devient ainsi déficient en oxygène. Les mécanismes d’empoisonnement par inhalation de notre propre dioxyde de carbone peuvent alors se déclencher.

Toxicité du dioxyde de carbone

Cette toxicité dépend bien sûr de la tolérance au CO₂ de chacun, qui est très variable, ainsi que du niveau d’exposition. outre le fait d’agir comme un toxique (lorsque sa concentration dans l’air est supérieure à 430 ppm), il provoque une asphyxie par hypoxie (manque d’oxygène). L’énergie diminue, le rythme respiratoire (entre inspiration et expiration) baisse, de même que la vitesse des réactions biochimiques qui ont lieu dans les poumons, mais aussi dans tout l’organisme. Les membranes des veines se dilatent et perdent leur élasticité.

Les premiers symptômes tels que des maux de tête, des difficultés de concentration, des troubles du sommeil, des irritations cutanées ou oculaires, peuvent se manifester sans que l’on y fasse un quelconque lien.

La concentration de dioxyde de carbone dans l’air est extrêmement importante, car ce gaz est l’un des plus importants facteurs permettant de réguler le pH intra- et extracellulaire[2]. Son rôle est donc capital dans l’une des fonctions les plus importantes de l’homéostasie. D’ailleurs, toujours d’après cette même étude, une homéostasie troublée serait associée à de nombreux troubles mentaux.

Des conséquences sur le microbiote pulmonaire

Tout comme pour le microbiote intestinal, prendre soin de son microbiote pulmonaire est essentiel pour la santé. Ces micro-organismes (bactéries, champignons, archées, virus, etc.) présents dans les voies respiratoires trouvent leur équilibre grâce à de nombreux facteurs [3], dont la qualité de l’air inhalé.

Après un certain stade d’hypoxémie et un certain degré d’intoxication au CO₂, la diversité des micro-organismes et l’abondance de certaines espèces normalement présentes dans les voies respiratoires peuvent être affectées. La prolifération de certaines espèces bactériennes est associée à diverses maladies pulmonaires et à une diminution de la richesse en espèces.

D’après une étude[4], le rôle du microbiote pulmonaire serait étroitement lié à la régulation de l’immunité, à l’homéostasie pulmonaire et aux maladies. Une autre étude[5] démontre qu’un air pollué perturbe aussi directement le microbiote intestinal et impacte négativement sa diversité en espèces, favorisant l’apparition d’autres troubles (diabète, dysbiose, troubles intestinaux, etc.). Une dysbiose intestinale peut donc découler directement d’une dysbiose pulmonaire.

Surveiller le taux de dioxyde de carbone dans l'air

Une fenêtre ouverte ou entr’ouverte régulièrement, même en hiver, permet d’améliorer de la meilleure des manières la qualité de l’environnement dans lequel on évolue. 

Cela permet de remplacer un air vicié (par les polluants domestiques) et épuisant pour l’organisme par un air vivifiant (non filtré et venant de l’extérieur) et moins pollué.

Il permet également de réduire le taux d’humidité qui peut poser problème, comme nous le verrons juste après.

La mesure du taux de CO₂ dans l’air ambiant est considérée comme le meilleur indicateur de la qualité de l’air.

Nettoyer ses poumons en renouvelant régulièrement l'air des pièces
Le détecteur CO2 m'affiche 1027 ppm malgré une bonne ventilation par les aérateurs des fenêtres.

Il est important d’en prendre conscience, car l’air est notre principal aliment : un adulte inhale en moyenne 12 000 litres d’air par jour.

Gare aux micro-organismes et à l'humidité !

Les micro-organismes sont présents dans tous les milieux : le sol, l’eau mais aussi l’air où l’on y trouve une grande diversité. Leurs dispersions dans l’air sont des indicateurs sensibles de la qualité de l’environnement.

Ainsi, lorsqu’on inhale des polluants de quelque nature que ce soit, on inhale également des micro-organismes qui s’y attachent.

Leur diversité en espèces et leur abondance sont corrélées à de nombreux facteurs dont la présence de particules non biologiques en suspension dans l’air. Généralement, plus le milieu est urbanisé (sol artificialisé) et plus les micro-organismes retrouvés dans l’air sont abondants et similaires.

De plus, ces particules (par exemple la poussière, les composés organiques volatils (COV) ou les métaux lourds) se retrouvent dans tous les appartements et toutes les maisons.

Les bactéries interagissent en permanence avec ces particules de différentes tailles qui peuvent servir de sources d’énergie (dégradation), de refuges ou de moyens de transport. Plus les particules inhalées sont fines et plus elles pénètrent profondément dans les voies aériennes. Ces bactéries en suspension dans l’air peuvent être pathogènes, mortes ou vivantes, et provoquer des effets délétères significatifs dans les voies aériennes tels que des crises d’asthme ou des allergies[6].

D’après de nombreuses études[7][8], l’interaction entre ces particules et ces bactéries constitue un réel danger pour la santé des voies respiratoires.

Des concentrations plus élevées de particules dans l’air fournissent ainsi plus de nutriments aux bactéries qui deviennent alors plus nombreuses.

Leur croissance dépend également de nombreux facteurs comme le taux de renouvellement d’air, le mouvement de l’air, la lumière, la température et l’humidité.

L’humidité est un facteur critique puisqu’elle favorise grandement le développement des micro-organismes mais aussi d’acariens et de champignons responsables d’allergies et d’inflammations des voies respiratoires. La germination des spores et la croissance des champignons nécessitent obligatoirement la présence d’eau. Une humidité relative supérieure à 70% est idéale pour la croissance des acariens, mais ceux-ci peuvent encore croître et survivre à 50%.

Les activités humaines (cuisine, salle de bain) sont évidemment une grande source d’humidité mais une simple présence humaine suffit à l’augmenter.

Une bonne aération et une bonne ventilation sont donc indispensables pour évacuer l’humidité et limiter la prolifération des micro-organismes et des acariens.

Pratiquer une activité physique dans des conditions plus naturelles

Faire de l’exercice constitue un facteur important lié au mode de vie qui pourrait influencer positivement le nettoyage et le soutien des voies respiratoires. Mais celui-ci est salutaire que lorsque l’organisme est apaisé par un repos préalable. Après une journée épuisante de dur labeur, une séance d’entraînement vigoureuse sera donc moins profitable à la personne. Il faut si possible doser et répartir au mieux ses dépenses, sous peine de provoquer fatigue et épuisement. Une dépense physique dans la journée est synonyme de bonne fatigue, d’un meilleur sommeil et d’une bonne récupération.

L’exercice aérobie est préférable lorsqu’il s’agit d’améliorer ses capacités respiratoires et de soutenir le fonctionnement de ses poumons. La marche pratiquée de façon régulière avec une intensité modérée est particulièrement adaptée et peut :

  • aider à fluidifier les poumons et à diminuer la congestion pulmonaire chez les personnes présentant une respiration pauvre;
  • donner plus d’énergie aux organes épuisés pour combattre certains microbes qui s’y fixent et prolifèrent;
  • renforcer le système immunitaire, stimuler la circulation sanguine et stimuler la production de globules blancs.

Enfin, le microbiote pulmonaire serait soumis à un renouvellement continu[9], ce qui pourrait avoir un impact majeur sur les maladies respiratoires. Une exposition à des micro-organismes et composés microbiens dans des conditions de vie plus naturelles (sol naturel, végétation abondante) peut s’avérer bénéfique pour le microbiote pulmonaire et renforcer le système immunitaire. Ainsi, la marche est l’une des meilleures activités permettant de se rapprocher de la nature.

Pour en savoir davantage sur la marche, je vous invite à lire l’article : « Doit-on marcher ou courir pour prendre soin de sa santé? »

S'exposer à la lumière naturelle

La qualité et la quantité de lumière sont importantes pour soutenir l’ensemble des fonctions de l’organisme qui en dépendent.

La lumière du soleil fait partie de notre alimentation quotidienne et constitue le nutriment principal de l’organisme, tout comme l’air. En l’absence de lumière naturel, le corps absorbe celle qui lui est apportée, c’est à dire la lumière artificielle. La capacité des émonctoires (foie, poumons, etc.) à détoxifier serait différente sous les conditions d’éclairage.

Il est donc conseillé de sortir autant que possible afin de bénéficier de la meilleure qualité de lumière. En intérieur, il a été démontré qu’un éclairage à spectre complet (dit proche du soleil en ce qui concerne le « rendu des couleurs ») diminuait le stress et améliorait le comportement (hyperactivité, irritabilité, fatigue, manque d’attention) par rapport à d’autres types d’éclairages (lampe fluocompacte à lumière blanche par exemple). Toutefois, le spectre électromagnétique du soleil varie également (en intensité) tout au long de la journée. Certaines ampoules vendues dans le commerce permettent aujourd’hui de reproduire ces variations du spectre lumineux. En réalité, nos corps sont étroitement synchronisés avec leur environnement (la lumière naturelle) et ajustent leurs réponses physiologiques en fonction des signaux reçus.

De plus, l’intensité lumineuse (quantité de rayons reçus) à l’extérieure peut être jusqu’à 100 fois plus importante que celle émise par un éclairage artificiel à l’intérieur, et reste donc difficile à reproduire. Celle-ci est variable et augmente le matin jusqu’à atteindre un pic : le midi solaire. Ne pas s’exposer en journée peut donc entraîner plus facilement une carence nutritionnelle en lumière.

Enfin, la lumière est souvent associée à la vitamine D. Cette vitamine, qui agit comme une hormone, renforce les mécanismes de défense [10] des voies respiratoires et module les réponses inflammatoires. Elle a un rôle protecteur contre les infections [11] qui endommagent l’épithélium pulmonaire et augmentent la production de mucus.

Lorsque le sommeil gagne...

Les rythmes biologiques journaliers et saisonniers sont une réalité vitale, il est donc important de prendre en compte l’heure à laquelle le soleil se couche. Celui-ci marque la fin d’une journée et le début d’une large plage de sommeil nocturne qui favorise la récupération physique et intellectuelle.

Plus on s’en écarte et moins le sommeil est réparateur. Autrefois, la lumière du soleil déterminait le rythme de la journée, des activités, des heures de repas, mais aussi l’heure du coucher.

Enfin, rien de solide ni de durable ne peut être accompli si le sommeil n’est pas une priorité dans la quête d’une santé véritable.

Au temps des sanatoriums, une période riche en enseignements

L’histoire nous apprend qu’à la fin du XIX^e siècle, la tuberculose fut la première cause de mortalité en France. Les différentes formes de cette maladie infectieuse, liée à une mycobactérie (bacille de Koch), touchaient le plus souvent les poumons.

Les premiers établissements pour accueillir les malades atteints de la tuberculose pulmonaire virent ainsi le jour. Au début du XX^e siècle, un très grand nombre d’établissements spécialisés dans le traitement de la tuberculose, appelés sanatoriums, furent construits. C’est à partir de 1943 que ces établissements ont dû fermer les uns après les autres, avec l’arrivée de l’antibiotique streptomycine. Mais quelles étaient les pratiques de ces établissements avant leur disparition ?

Les sanatoriums bénéficiaient d’un cadre préservé où la végétation était abondante. D’immenses parcs permettaient aux malades de respirer un air pur et vivifiant. Les cures d’air, le repos, la recherche de lumière et de soleil constituaient le cœur des soins.

La cure d’air consistait à laisser ouvertes ou entr’ouvertes les fenêtres toute la nuit après une longue journée durant laquelle le curiste était déjà en contact avec l’air extérieur. Cette pratique constituait la base de la cure. L’objectif était de renforcer le système immunitaire et les voies respiratoires afin de permettre aux malades de combattre l’infection par eux-mêmes.

De plus, le mobilier était rudimentaire afin de faciliter le nettoyage et le confort très sommaire. D’ailleurs, le lit était l’objet d’une attention toute particulière. Conçu en fer ou en bois, parfois démontable, le sommier devait être le plus simple possible afin d’être facilement nettoyé. Rembourré de laine, de kapok, de crin végétal ou animal (par exemple du crin de cheval), puis entouré d’une doublure en toile, le matelas était régulièrement nettoyé à l’étuve ou exposé au soleil. Pour faciliter l’opération, le matelas pouvait être divisé en plusieurs pièces. Les couvertures, le linge et les matelas de chaises étaient également désinfectés périodiquement. Pour résister au froid hivernal, chaque malade avait en sa possession des vêtements chauds, des couvertures en laine et des sacs de fourrure, ce qui permettait de réaliser la cure d’air sans problème.

Dormir dans un environnement sain

Ainsi, l’histoire nous montre que le lavage et la désinfection du matelas étaient déjà pris très au sérieux à l’époque dans le cadre des maladies respiratoires les plus graves. D’autant plus que nous passons plus de 8 heures par jour sur un matelas qui accumule des squames (100 mg par jour), des poils, de la sueur, des déchets alimentaires, etc, Autant de substances qui constituent un terreau propice pour le développement d’acariens, de bactéries et de champignons. Par ailleurs, chaque nuit, ce sont plus d’un litre d’eau qui sont perdues par la transpiration et la respiration, ce qui augmente leur activité.

Aujourd’hui, presque tout peut être lavé ou désinfecté dans une maison, sauf le matelas qui pourtant nous rend malade. Un rapport[12] publié en juin 2023 par la marque de literie Amerisleep indique qu’un matelas neuf compte déjà plus de 3 millions de bactéries, soit 17442 fois plus que sur le siège des toilettes. Mais ce n’est pas tout, puisque le linge de lit employé présente aussi un nombre alarmant de bactéries en seulement 7 jours. Et ce chiffre ne fait qu’augmenter avec le temps. De plus, de nombreux composés organiques volatils (COV) sont libérés par nos matelas durant le sommeil. Ces substances sont nocives pour les voies respiratoires mais aussi irritantes pour les yeux et la peau.

Ainsi, la présence de certains micro-organismes, mais aussi d’acariens favoriserait le développement de maladies respiratoires telles que l’asthme, qui toucherait plus de 300 millions de personnes dans le monde. Pourtant, de nombreuses études sur l’asthme ont généralement démontré que plus les populations maintenaient un mode de vie traditionnel et éloigné du milieu urbain, plus la prévalence de l’asthme était faible. Mais l’introduction de couvertures et de matelas traités chimiquement (⚠️ les fibres naturelles biologiques le sont également) a créé un nouvel environnement propice à la croissance et à la multiplication des acariens Dermatophagoides (D. farinae et D. pteronyssinus) et de micro-organismes, et ce d’autant plus s’ils ne sont pas régulièrement lavés.

D’après une étude[13] publiée en 1985 sur des communautés villageoises de Papouasie-Nouvelle-Guinée (climat tropical avec une forte humidité), la prévalence de l’asthme a augmenté au cours de ces dix années (1975-1985), malgré un mode de vie traditionnel.

Les Papous vivaient dans des huttes à toits de chaume et dormaient sur des plateformes en rotin tressé, emmitouflés dans une simple couverture en coton. Ces couvertures en coton bon marché étaient déjà à l’époque largement acquises par l’ensemble de la population à l’époque. D’après les résultats de l’étude, l’analyse des poussières récoltées sur les couvertures a révélé une densité d’acariens 40 à 50 fois plus élevée que celle recueillie au sol à différents endroits.

Village typique dans la région des Hautes-Terres de la Papouasie-Nouvelle-Guinée

Partir vivre à la montagne?

Pour introduire cette partie, penchons-nous sur l’histoire des sanatoriums. Dans les années 1920, une « foi en l’altitude » s’est emparée d’une partie du corps médical pour combattre la tuberculose. Les durées de séjour pouvaient en effet aller de quelques semaines à plusieurs années, suivant les formes de tuberculose. Les sanatoriums d’altitude permettaient d’obtenir des résultats plus convaincants et plus rapides que ceux obtenus par les sanatoriums de plaine.

Aujourd’hui, l’asthme est une maladie difficile à guérir. Si l’on peut certes en limiter les troubles avec une certaine hygiène de vie (alimentation, restriction calorique, exercice physique, etc.), l’impact de l’environnement, du mode de vie ou simplement le fait de partir vivre à la montagne peut faire une énorme différence.

L'intérêt de l'altitude

Séjourner en altitude peut donc s’avérer plus bénéfique pour les maladies respiratoires.

L’intérêt principal de l’altitude est que la pression en oxygène dans l’air ambiant baisse plus on monte. Autrement dit, pour chaque inspiration, il y a moins de molécules d’oxygène transférées dans la circulation sanguine via les poumons. Ce manque d’oxygène (hypoxie) va obliger le corps à mettre en place des mécanismes physiologiques pour compenser cette baisse. Ce qui a de nombreux effets bénéfiques sur l’organisme.

Nettoyer ses poumons en prenant de l'altitude

L’autre intérêt de l’altitude, et non des moindres, est que l’humidité et la température, souvent plus basses, limitent la présence et la prolifération d’acariens et de moisissures dans le logement.

La montagne, lieu favorable aux malades des voies respiratoires?

En montagne, les polluants y sont toujours présents mais leur concentration y est moindre. L’atmosphère est également constamment ventilée et l’intensité lumineuse y est plus forte.

En prenant de l’altitude, l’air devient plus sec et la concentration d’ions négatifs par cm³ augmente.

Une altitude modérée, c’est-à-dire située entre 1 000 et 1 800 mètres, apporte donc de nombreux avantages en termes de qualité de l’air ambiant et de l’air intérieur.

Les acariens de literie, qui sont en partie responsables des maladies respiratoires, peuvent même être absents des logements, même s’ils trouvent de la nourriture. Ils disparaissent par exemple complètement à partir de 1 300 mètres dans les Hautes-Alpes et 1 500 mètres dans les Pyrénées. Ce n’est pas pour rien que les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence sont deux des départements les plus prisés par les personnes souffrant d’allergies.

De plus, lors du retour en plaine, l’organisme bénéficie en plus d’une meilleure capacité à transporter l’oxygène. Cet effet peut perdurer quelques semaines à quelques mois, en fonction de la durée du séjour.

Mais, malgré les nombreux avantages apportés par l’altitude, il est recommandé d’apporter de l’air frais dans la chambre autant que possible, même à la montagne, ce qui n’est pas toujours évident en hiver.

Et l'inhalation de vapeurs thermales?

Les eaux thermales peuvent procurer une nette amélioration dans le traitement des pathologies telles que l’asthme, la BPCO, les bronchectasies et autres maladies pulmonaires. L’inhalation de vapeurs thermales[14] et de gaz permet d’atteindre directement les tissus lésés, ce qui en fait l’une des thérapies les plus efficaces dans les maladies touchant les voies respiratoires.

L’action mécanique de l’eau thermale permet d’évacuer les sécrétions stagnantes et l’excès de mucus.

Le sulfure d'hydrogène, un gaz thermal puissant

Le soufre, sous forme de sulfure d’hydrogène (qui dégage une odeur d’oeuf pourri), est un gaz thermal puissant qui permet de diminuer la viscosité des sécrétions grâce à son effet mucolytique. Ses propriétés bactéricides expliquent son importance dans les pathologies infectieuses, notamment dans les voies respiratoires. Une étude[15] met également en avant son activité immunomodulante

Par ailleurs, l’eau sulfureuse procure des bienfaits sur un large éventail de troubles, car le gaz (H2S)  qu’elle contient est une molécule de signalisation (elle transmet une information précise) ciblant un grand nombre de processus et de voies biologiques importants[16]. C’est certainement l’une des formes de soufre les plus puissantes dont le corps a besoin pour retrouver la santé.

Une méta-analyse[17] publiée en 2019 étudie le sulfure d’hydrogène et ses nombreux effets biologiques sur les cellules des poumons et le système immunitaire. Le sulfure d’hydrogène serait mucolytique, antioxydant, anti-inflammatoire, anti-viral, antibactérien, analgésique et anticancéreux.

Le sulfure d’hydrogène agit sur les terminaisons nerveuses par son action analgésique, calmant ainsi la douleur et l’irritabilité de la muqueuse respiratoire. Il a également un rôle fibrinolytique (c’est-à-dire qu’il dissout la fibrine et les thrombus) important dans les maladies respiratoires.

D’après une étude[18], un apport en sulfure d’hydrogène permettrait d’augmenter le rapport glutathion réduit / glutathion oxydé dans la cellule, protégeant ainsi les voies aériennes du stress oxydatif. Ce ratio est un indicateur important de la santé cellulaire, car le glutathion est l’un des antioxydants les plus importants. Il permet également de détoxifier un grand nombre de métaux lourds et de polluants.

D'autres gaz salutaires pour les voies respiratoires

Les eaux thermales contenant du bicarbonate présenteraient également des propriétés intéressantes lorsqu’elles sont inhalées. Ces ions bicarbonates sont issus du gaz carbonique dissous dans l’eau. Elles peuvent s’avérer utiles pour soulager certains troubles des voies respiratoires.

Ces eaux thermales peuvent aussi délivrer de l’hydrogène (H2), qui est un gaz naturel. L’hydrogène est connu pour être un antioxydant extrêmement puissant. D’après une méta-analyse[19] publiée en 2022 et regroupant plusieurs études, l’hydrogène moléculaire aurait des effets bénéfiques sur tous les organes (propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes, de régulation de l’autophagie et anti-vieillissement). Le spectre thérapeutique très étendu de l’hydrogène dans les maladies pulmonaires y est décrit. Ce gaz peut être accompagné de méthane.

La présence de méthane, qui est un gaz naturel, est liée à la méthanogenèse. Des bactéries spécifiques (chimiolithotrophe) produisent du méthane à partir d’hydrogène et de CO₂, dont l’origine est profonde. D’après une autre méta-analyse[20] publiée en 2020, les effets bénéfiques (antioxydant, anti-inflammatoire…) du méthane (CH₄) sur différentes maladies y sont décrits. Pourtant, le méthane est souvent associé à la maladie. Mais d’après la méta-analyse, de nombreuses études ont prouvé le contraire. Il aurait en réalité un effet protecteur mais ce mécanisme reste mal compris. De plus, il est largement prouvé [21][22] qu’un apport exogène de méthane (CH₄) ou d’hydrogène moléculaire (H₂) a des effets positifs sur les mitochondries (le « cœur » des cellules).

Les sources chaudes peuvent également délivrer de l’hélium (He), un gaz naturel que l’on retrouve dans l’atmosphère (sa concentration dans l’air est de 5 ppm). Une méta-analyse[23] publiée en 2013 décrit le rôle de l’hélium en médecine et son efficacité dans divers troubles respiratoires, cardiovasculaires et neurologiques. Là encore, d’autres études sont plus contrastées, car les mécanismes d’action sont mal compris. Il a même longtemps été considéré comme biologiquement inerte, alors qu’il n’en est rien. mal compris. Il a même longtemps été considéré comme biologiquement inerte, alors qu’il n’en est rien.

Quelle est la meilleure manière d'inhaler les gaz?

Lorsque l’eau thermale jaillit du sol, un important dégagement de vapeurs et de gaz se produit, mais il diminue au fur et à mesure de son parcours. Ces vapeurs thermales doivent être inhalées directement dans le bassin d’eau chaude, même si celui-ci est éloigné du point d’émergence. Pourquoi ?

Un bain chaud permet de délivrer les gaz de manière optimale dans le système respiratoire. La stimulation thermique induite par le bain met le corps dans la meilleure disposition  possible pour la respiration.

Pour en savoir plus à ce sujet, j’en parle au début de cet article : « Les énormes bienfaits du bain chaud ».

Les grottes thermales

Un autre moyen, un peu moins commode d’inhaler des vapeurs et des gaz thermaux est la grotte thermale

Dans ce cas, le point d’émergence d’une source chaude doit se situer dans une cavité géologique naturelle. La source thermale doit de préférence avoir une  température élevée à l’émergence. Elle va alors saturer la grotte de vapeur, créant ainsi un microclimat particulier. Ces grottes thermales sont aussi appelées « vaporariums » et peuvent également être assimilées à des saunas. Tout comme le bain chaud, le sauna naturel est particulièrement efficace pour stimuler le corps par la chaleur.

Les établissements thermaux les mieux lotis possèdent leur propre grotte naturelle.

Pour en savoir un peu plus sur les grottes thermales, je vous invite à suivre mon périple en Sicile à travers cet article : Visiter l’île de Pantelleria et ses sources chaudes naturelles. Vous y découvrirez une grotte qui délivre plusieurs gaz, comme l’hydrogène (H2), l’hélium (He) et le méthane (CH₄).

Enfin, il va de soi que l’interaction entre ces gaz permet d’éliminer (voir de limiter) certains effets secondaires que pourrait causer l’inhalation d’un seul gaz et de renforcer l’efficacité thérapeutique.

Les micro-organismes d'une source chaude

Pour conclure, la grande diversité de micro-organismes présente sur l’ensemble du site d’une source chaude pourrait avoir un impact positif sur le microbiote pulmonaire. Pour en savoir davantage sur le microbiote d’une source d’eau chaude, je vous invite à lire notre article : Le sol, couche de base et milieu vivant d’une source chaude.

[1] Cancer, Institut National Du. 2024. “La Pollution de l’air Intérieur.” La Pollution de l’air Intérieur – Environnement. Accessed January 4.

[2] Z;, Sikter A;Faludi G;Rihmer. 2024. “The Role of Carbon Dioxide (and Intracellular pH) in the Pathomechanism of Several Mental Disorders. Are the Diseases of Civilization Caused by Learnt Behaviour, Not the Stress Itself?

[3] Mathieu, Elliot, Unai Escribano-Vazquez, Delphyne Descamps, Claire Cherbuy, Philippe Langella, Sabine Riffault, Aude Remot, and Muriel Thomas. 2018. “Paradigms of Lung Microbiota Functions in Health and Disease, Particularly, in Asthma.” Frontiers in Physiology. U.S. National Library of Medicine. August 21.

[4] Wang, Jian, Fengqi Li, and Zhigang Tian. 2017. Science China Life Sciences 60 (12): 1407–15.

[5] Fouladi F;Bailey MJ;Patterson WB;Sioda M;Blakley IC;Fodor AA;Jones RB;Chen Z;Kim JS;Lurmann F;Martino C;Knight R;Gilliland FD;Alderete TL; 2024. “Air Pollution Exposure Is Associated with the Gut Microbiome as Revealed by Shotgun Metagenomic Sequencing.” Environment International. U.S. National Library of Medicine.

[6] Bowers, Robert M, Shawna McLetchie, Rob Knight, and Noah Fierer. 2010. “Spatial Variability in Airborne Bacterial Communities across Land-Use Types and Their Relationship to the Bacterial Communities of Potential Source Environments.”

[7] Adamson, F.M. Bowman, G. Buzorius, Y.C. Chan, J.C. Chow, et al. 2000. “Particulate Matter in the Atmosphere: Which Particle Properties Are Important for Its Effects on Health?” Science of The Total Environment. Elsevier.

[8] Berner, A., Harrison, R., Moshammer, H., Neuberger, M., Pitz, M., Ruuskanen, J., Dockery, D., Horak, F., Jantunen, M. and Kasper, A.
 2004. “AUPHEP-Austrian Project on Health Effects of Particulates-General Overview« .

[9] Mathieu, Elliot, Unai Escribano-Vazquez, Delphyne Descamps, Claire Cherbuy, Philippe Langella, Sabine Riffault, Aude Remot, and Muriel Thomas. 2018. “Paradigms of Lung Microbiota Functions in Health and Disease, Particularly, in Asthma.” Frontiers in Physiology. U.S. National Library of Medicine. 

[10] Hughes, D A, and R Norton. 2009. “Vitamin D and Respiratory Health.” Clinical and Experimental Immunology. U.S. National Library of Medicine.

[11] Schrumpf JA;van der Does AM;Hiemstra PS; 2024. “Impact of the Local Inflammatory Environment on Mucosal Vitamin D Metabolism and Signaling in Chronic Inflammatory Lung Diseases.” Frontiers in Immunology. U.S. National Library of Medicine.

[12] “Bacteria in Your Bed.” Amerisleep ». 2023

[13] Dowse GK;Turner KJ;Stewart GA;Alpers MP;Woolcock AJ; 2024. “The Association between Dermatophagoides Mites and the Increasing Prevalence of Asthma in Village Communities within the Papua New Guinea Highlands.” The Journal of Allergy and Clinical Immunology.

14. Dominika Zajac Inhalations with thermal waters in respiratory diseases, Journal of Ethnopharmacology. 2021

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